LES MÉDECINS à exercice particulier auront-ils leur collège ? Cette question,soulevée par le Pr Olivier Goeau-Brissonnière, président de la Fédération des spécialités médicales, à l’occasion d’un débat organisé par le SML (Syndicat des médecins libéraux), agite bon nombre de représentants d’associations professionnelles. Il faut reconnaître que l’existence de multiples regroupements de nature syndicale, collégiale, d’associations de formation continue ou bien encore de sociétés savantes, dilue la visibilité de ces 15 000 à 20 000 médecins dont l’exercice repose sur une expertise particulière.
Au-delà des médecins généralistes, la diversité des spécialistes réunis dans certains domaines donne presque le tournis. Les 550 allergologues exclusifs sont par exemple rejoints par plus de 1 700 spécialistes, pneumologues, ORL, pédiatres, dermatologues. Idem en sexologie où des gynécologues, urologues, endocrinologues rejoignent des psychologues. Pour mieux organiser leur représentativité, le SML à l’initiative de cette rencontre, souhaite « éviter la fragmentation et organiser les tuyaux d’orgue pour travailler sur des recommandations issues des conseils nationaux de spécialités ».
Invité à présenter l’organisation de sa fédération, le Pr Olivier Goeau-Brissonnière ne mâche pas ses mots : « On ne sera jamais le bras armé de la HAS [Haute Autorité de santé] et à vouloir tout faire, sans prendre avis, celle-ci n’a rien à gagner en lançant la chasse aux syndicats dans ses groupes de travail. » Le Dr Christian Jeambrun, président du SML, rebondit sur cette idée et affirme que « cette démarche expliquée par une quête absolue d’indépendance n’aboutit à rien ». Il est pour sa part convaincu que « l’expertise scientifique des différents modes d’exercice et la fibre syndicale ont tout à gagner à se rapprocher lorsqu’il s’agit de discuter des compétences et des évolutions professionnelles ».
Le Dr Pierre Desvaux, secrétaire général du Syndicat national des médecins sexologues, se dit prêt à les rejoindre compte tenu de l’inouïe complexité de leur situation. « Aujourd’hui, nous sommes 600 à ne pas exister alors que nous avons déjà établi des statuts qui permettront de réunir les différentes associations existantes.» Du côté des nutritionnistes, les avis sont plus partagés. Leurs représentants participent déjà activement à plusieurs groupes de travail lorsque la HAS réclame leur expertise. Mais visiblement, l’enjeu dépasse la production de recommandations de bonnes pratiques professionnelles. Isabelle Bossé, présidente de l’ANAIS (Association nationale des allergologues), regrettant « la non-reconnaissance de leur spécialité qui en est pourtant déjà une dans 17 pays européens», sait sa spécialité menacée. Les derniers résultats de capacité feraient état de « 32 reçus en allergologie, parmi lesquels une petite vingtaine de médecins étrangers susceptibles de repartir exercer dans leur pays d’origine ». Inquiète, Isabelle Bossé estime que la pérennité de leur expertise reposerait donc sur douze professionnels. Dans ces conditions, point de salut en dehors de la formation, pour ouvrir la voie à de multiples médecins généralistes. « Les universitaires font aujourd’hui le constat qu’ils ne savent pas s’occuper de FMC », constate Christian Jeambrun. « Nous avons un rôle à jouer et sans chercher à enrégimenter les professionnels, le SML les invite à se structurer et à s’organiser », ajoute-t-il.
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