Chez les soignants des cliniques privées, le burn-out lié au Covid semble tout aussi prégnant que dans le public. « Un sentiment net de surcharge de travail et d’épuisement » affleure ainsi d'une enquête qualitative menée par l'assureur Branchet et Fondapro, une fondation indépendante pour la prévention du risque médical. Cette étude a été réalisée entre avril et juillet 2021 auprès de 75 professionnels de santé d’établissements privés de trois régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine et Occitanie) dont 70 % de médecins et infirmiers.
Elle met en lumière que ces soignants ont ressenti un « fort sentiment d’abandon de la part de leur hiérarchie » durant la crise sanitaire. Un certain nombre d'entre eux se sont sentis « très isolés de leur famille ». Quant à ceux qui ont été écartés (non mobilisés dans les services Covid, chômage partiel, etc.), ils s’estiment « honteux » de ne pas avoir « participé à l’effort national ».
Perte de sens et charge de travail excessive
Le sentiment de perte de sens est omniprésent, notamment en raison des déprogrammations qui ont engendré des pertes de chance pour les patients. Quand ils ont découvert que l'état de ces derniers s’était parfois aggravé quelques mois plus tard, ils se sont trouvés « démunis pour expliquer la situation et rassurer les patients et leur entourage ». L’enquête confirme une charge de travail « très inégale » entre les professionnels selon qu'ils aient fait face à une augmentation du nombre de patients en même temps que des effectifs en baisse, ou à l'inverse à des déprogrammations.
Un certain nombre de professionnels déplorent un manque de cohérence et de transparence dans les décisions politiques. Le transfert de patients dans d’autres régions, alors que la clinique la plus proche aurait pu les accueillir, a induit « une incompréhension et de la frustration ». Ils constatent également que la répartition des patients et des professionnels entre les secteurs privés et publics n’a pas été encadrée à l’échelle nationale, ce qui a provoqué « une inégalité d’activité très forte d’une structure à l’autre ». Parfois, le secteur privé a été « sous-sollicité » et n’a pas été intégré comme une « réponse » à la crise sanitaire.
Des services pour prévenir le burn-out
D’autre part, les personnes interrogées regrettent un manque de coopération entre les établissements privés et publics, mais aussi avec les acteurs de la ville. Un phénomène renforcé par le fait que certaines personnalités du secteur public « ne reconnaissent pas la légitimité du secteur privé : ils ne favorisent pas la collaboration et estiment que le secteur public est le seul acteur pouvant répondre à la crise », précise l’enquête.
Enfin, nombreux sont ceux qui ont mal vécu le fait que les consignes changent régulièrement ce qui a provoqué une forte baisse de motivation et d’engagement. Le changement d’activité n’a pas non plus été assez anticipé au niveau des structures. Conséquence : les professionnels n’ont pas eu d’autre choix que de « se coordonner entre eux » pour gérer le changement de typologie de patients, se former à la prise en charge de patients de réanimation, et adapter les plannings.
À la suite de cette enquête, Branchet a mis en place une palette de services pour prévenir les risques de burn-out chez les professionnels de santé.
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