« Dr Delaunay vous m’entendez ? », demande avec enthousiasme le Pr Henri-Jean Philippe, modérateur de la session « Circuit en chirurgie orthopédique », les yeux rivés sur un écran géant digne d’une salle de cinéma.
Deux anesthésistes-réanimateurs, les Drs Laurent Delaunay (clinique d’Annecy) et Denis Jochum (Colmar), micro en main et oreillette, répondent amusés à la salle. « On vous reçoit cinq sur cinq ! ». Blouse bleue, masque et calot chirurgical, ils s’apprêtent à déambuler dans les couloirs de la clinique d’Annecy, bloc par bloc, zone par zone, à la rencontre des patients pris en charge en ambulatoire (prothèse totale de hanche, du genou, hallux valgus ou hernie discale) et des soignants. Les scènes s’enchaînent. Les projecteurs sont braqués tantôt sur les praticiens en pleine intervention, décrivant leur méthode pour améliorer et accélérer la récupération du patient et diminuer les douleurs, tantôt sur les patients, à chaque moment clé du parcours ambulatoire. À Paris, l’auditoire (médecins, infirmières, cadres de santé et institutionnels) est attentif à chaque geste et parole et n’hésite pas à échanger avec les praticiens à l’autre bout de la France.
Hospitalisation 2.0
À Annecy, la clinique a opté pour un comité de récupération rapide après chirurgie (RRAC), premier du genre en France. Cette équipe pluridisciplinaire (chirurgiens, anesthésistes, pharmaciens, infirmiers, kinés) veille à offrir une prise en charge optimisée. « L’éducation thérapeutique est au cœur de la prise en charge, déjà en amont de l’opération, avec les kinésithérapeutes », explique l’une des infirmières du comité RRAC.
Le jour J, ces infirmières RRAC (dont le poste a été créé spécifiquement) vérifient plusieurs fois le dossier et la liste de médicaments. Elles prennent les constantes et accompagnent les patients de secteur en secteur (vestiaire, salle préopératoire, postopératoire). Elles sont également en charge de « faire l’appel à J-1, J+1 et J+7 » pour le suivi du patient. « Chacun à son rôle à jouer au sein du chemin clinique », souligne le Dr Delaunay. « On préfère parler d’hospitalisation 2.0, au lieu de circuit court ou long qui créent de la complexité. Nous devons réfléchir à des parcours personnalisés en 2 heures, 6 heures, 12 heures etc. », illustre le praticien. La clinique va d’ailleurs tester une nouvelle application « chemin clinique » qui permet de suivre en temps réel l’avancé du patient dans le circuit ambulatoire.
100 % à pied
À la clinique Clinical de Soyaux (Vedici), le circuit ambulatoire impressionne l’auditoire. Nous suivons cette fois Stéphane, venu se faire opérer du pied. « Tout est bien organisé, tout va vite », témoigne-t-il, dans le taxi sanitaire qui le ramène chez lui. Arrivé tôt dans la matinée, Stéphane n’a pas perdu une minute lors de sa prise en charge. « On a vérifié mon dossier à l’accueil (...). Une infirmière m’a ensuite posé quelques questions sur mes derniers repas et pris mes constantes. Puis je suis parti me changer au vestiaire, ensuite une aide-soignante m’a accompagné au bloc anesthésique après une nouvelle vérification de mon dossier », raconte-t-il. Après l’anesthésie locale, le patient arrive rapidement au bloc opératoire… en musique. « Après l’intervention, je me suis levé de la table d’opération et j’ai marché directement, sans béquille, ni attelle, accompagné par une infirmière », poursuit-il, sous les yeux médusés du public.
Avec le « fast-track », il n’y a pas d’espace d’hébergement après l’intervention. Stéphane restera dans un box, prolongement de la salle d’opération pour y être surveillé par une infirmière 30 à 60 minutes.
Le chirurgien effectue une dernière consultation, lui prodigue ses conseils avant de signer le formulaire de sortie. Les questions fusent dans la salle. « Comment être certain que le patient ne trébuche pas ? », lance un médecin. « Le patient garde sa proprioception », répond du tac au tac, le Dr Xavier Paqueron, anesthésiste. Son séjour à la clinique aura duré... une demi-journée. « Le patient est convoqué en fonction de l’heure d’opération, commente le chirurgien, c’est un circuit fluide ».
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