Réunions annulées sur l'intérim médical, « passage en force » sur des décrets, éloge du privé… Ces derniers jours, plusieurs organisations de praticiens hospitaliers ont concentré leurs attaques contre le ministère de la Santé et son locataire, Olivier Véran. À l’image de l’intersyndicale Action praticiens hôpital (APH) qui reproche au ministre de ne pas tenir ses promesses en matière de dialogue social.
APH rappelle que le directeur du cabinet du ministre s’était engagé, à l’automne 2021, à mettre en place des réunions mensuelles avec les organisations de praticiens hospitaliers au sujet de l’intérim médical. Mais pour la deuxième fois, une séance de travail aurait été annulée, « cette fois-ci sans report », selon l’intersyndicale. Et d’ajouter que le ministère a « malencontreusement oublié d’inclure dans la boucle du mail d’annulation APH et Jeunes Médecins ».
Statuts, prime : des textes qui ne passent pas
Le même jour, les syndicats auraient appris l'annulation des réunions du Conseil supérieur des personnels médicaux jusqu’à la présidentielle, ce qui laisse supposer « qu’aucun texte réglementaire concernant les praticiens n’est à l’ordre du jour », se désole APH qui dénonce un « déni de dialogue social ».
Pendant ce temps, le gouvernement a publié plusieurs textes importants qui n'ont pas convaincu. Ainsi, l'unification des statuts de praticien hospitalier et de praticien contractuel risque « d’accélérer la fuite des PH et de majorer les besoins en intérim », dénonce l’intersyndicale.
Quant à la nouvelle prime de solidarité territoriale (PST), censée permettre de lutter contre les dérives de l’intérim, elle aurait fait l’objet d’un « passage en force » du gouvernement, « contre l’avis quasi unanime des représentations des praticiens », fustige APH, persuadé qu’il faudra travailler « bien au-delà de 48 heures » par semaine pour la toucher.
Problème de logiciel
Dernier motif de courroux : des déclarations d’Olivier Véran, perçues comme favorables au secteur privé. Interrogé sur le recours fréquent à des cabinets privés dans la gestion de crise, le ministre de la Santé s'était expliqué sur « Franceinfo » le 16 février en ces termes : « Quand vous devez équiper un TGV en 48h pour transporter des malades intubés, vous êtes contents de trouver des gens qui ont la compétence pour le faire. Ils sont dans le secteur privé, ils ne sont pas dans les administrations. » Le même jour au Sénat, il expliquait qu’il ne se mêlerait pas du rachat des centres de la Croix-Rouge par le privé lucratif (groupe Ramsay santé).
Ces propos ont déclenché l’ire du collectif inter-hôpitaux (CIH). Il rappelle que les établissements publics « ont accueilli 85 % des patients atteints de Covid » et que les transferts inter-régions de patients ont été « organisés et réalisés par l’armée, les pompiers, la SNCF et le Samu sur la base d’un protocole préexistant à la pandémie ». Contacté ce vendredi par « Le Quotidien », le Dr Olivier Milleron, porte-parole du CIH, estime qu’il y a « un vrai problème de logiciel dans ce ministère qui considère en permanence que le privé, c’est mieux que le public ». Pour le médecin, « la prise en charge du système de santé par le privé ne va pas dans le sens de l’intérêt général, cela ne fonctionne pas ».
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