Le député Les Républicains Éric Ciotti, rapporteur de la commission d'enquête sur la gestion de la crise du Covid-19 à l'Assemblée nationale, estime qu'« on a réduit les chances des personnes âgées », certaines ayant été « privées d'accès » à l'hôpital, dans un entretien accordé au Monde publié mercredi 29 juillet.
« Oui, l’hôpital s’est adapté, mais à quel prix ? Il y a eu d’abord une déprogrammation massive des soins hors Covid, dont on mesurera plus tard les conséquences. Il y a eu, ensuite, une forme de régulation qui, sans le dire, a privé d’accès à l’hôpital des personnes âgées, notamment les résidents des EHPAD », pointe le député, à mi-chemin des travaux de la commission d'enquête.
« Au pic de la crise, début avril, le nombre des personnes âgées de plus de 75 ans admises en service de réanimation chute brutalement. Nous passons de 25 % en moyenne (à la même période, au cours des années précédentes) à 14 % pendant la crise, et même à 6 % en Ile-de-France », soulève-t-il en s'appuyant sur des données transmises par la Direction générale de la Santé (DGS).
« Beaucoup auraient pu vraisemblablement être sauvées, c’est grave »
« Notre système a donc bel et bien été débordé. On a réduit les chances des personnes âgées. Beaucoup auraient pu vraisemblablement être sauvées, c’est grave », dénonce l'élu de droite.
La veille de cet entretien, plusieurs médecins représentants des sociétés savantes d'anesthésie-réanimation s'interrogeaient devant la commission sur la nécessité d'édicter pendant la crise une doctrine nationale de priorisation des patients admis en réanimation en fonction notamment de leur âge. Cela n'a finalement pas été fait assurent-ils témoignant toutefois de « quelques cas individuels » où un tri aurait pu être réalisé en raison de tensions sur le matériel et les lits de réanimation.
Utilisation fallacieuse des données
Selon le ministère de la Santé interrogé par l'AFP, comparer les chiffres d'admission en réa de cette année et des années précédentes procède d'une « utilisation fallacieuse des données fournies » par la DGOS. « Les patients qui nécessitaient une hospitalisation en réanimation ont été pris en charge », garantie Ségur.
D'une part, le nombre de patients au pic de l'épidémie était beaucoup plus important cette année (2 700 en Ile-de-France contre 1 200 l'année précédente), ce qui « rend difficiles les comparaisons ». D'autre part, le profil de ces patients « était totalement différent » de celui de 2019. « L'impact de la déprogrammation des activités chirurgicales non urgentes sur le profil des patients accueillis en réanimation est majeur », fait valoir le ministère.
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