Une semaine après le violent séisme en Italie qui a détruit plusieurs hameaux situés dans la région des Apennins dans la nuit du mercredi 24 août, l'heure est aux polémiques. Les enquêtes ouvertes sur la non-application, dans les villages quasiment rasés au sol par les secousses, des normes antisismiques approuvées en 1981 et renforcées en 2012, délient les langues.
Durant les derniers jours, plusieurs experts ont évoqué la fragilité des édifices en Italie. Et surtout l'absence de prévention. Pour le sismologue Alessandro Martelli, « 80 % du patrimoine immobilier construit dans les zones à risque sismique pourrait s'effondrer en cas de tremblement de terre ». Problème : une bonne partie de ce patrimoine comprend non seulement des écoles mais aussi des casernes et surtout des hôpitaux.
Fermer, rénover…
Une enquête parlementaire (remontant à 2013 mais remise au goût du jour) affirme que quelque 500 hôpitaux construits notamment dans les zones à risque sismique ne sont pas aux normes. « On ne peut pas prétendre que les hôpitaux soient rénovés ou construits selon les normes antisismiques si des dispositifs élémentaires comme les normes d'hygiène et les systèmes de sécurité par exemple ne sont pas respectés. Il faudrait fermer les hôpitaux pour tout remodeler. Mais où relogerait-on les patients entre-temps compte tenu du nombre invraisemblable de structures qu'il faudrait rénover ? », s'interroge le Dr Gianfranco Catalano spécialisé en hématologie.
La question vient de se poser pour les patients de deux hôpitaux situés dans les zones touchées la semaine dernière par le séisme qui ont dû être évacués en catastrophe. L'une des deux structures, située à Amatrice, le village où sont mortes 231 personnes, s'est en partie effondrée, l'autre, pleine de fissures, présente des risques.
Fondations fragilisées
Selon ce rapport qui brosse un constat alarmiste, les édifices de santé sont construits soit en béton armé dans le meilleur des cas, soit en pierres ou en préfabriqué.
Il y a aussi la question des modifications successives introduites pour augmenter la superficie des édifices qui ont fragilisé les fondations en augmentant le poids des murs et leur impact sur les piliers. « La résistance de ces hôpitaux en cas de séisme dépend de la date de construction. Si c'est après 1974, disons que la situation est moins catastrophique… », explique l'architecte Cinthia Costa.
Le recensement des hôpitaux effectués en 2001 affirme que 65 % des structures publiques datent d'avant 1970, que 20 % des établissements ont été rénovés ou construits entre 1971 et 1990 et 15 % après 1991. Il existe aussi des édifices classés au patrimoine qui remontent à la fin du XIXe siècle. Que faire ? « Il n'y a pas beaucoup de solutions et la marge de manœuvre est faible. Il faudrait restructurer les hôpitaux un par un, cela prendrait des années », indique le Dr Gianfranco Catalano.
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