DEPUIS juin 2007, les États-membres de l’OMS disposent d’un nouveau règlement sanitaire international. Les gouvernements avaient deux ans pour évaluer leurs structures et leurs ressources afin d’élaborer des plans d’action nationaux et trois années supplémentaires pour se mettre en conformité. C’est dans ce cadre que la direction générale de la Santé a sollicité, en décembre 2009, l’avis du HCSP afin d’identifier et d’évaluer les menaces de santé publique liées aux maladies qui peuvent se propager à la faveur des voyages via les moyens de transport ou leurs passagers. À noter que, pour la première fois depuis son entrée en vigueur, le RSI était appliqué à une urgence de portée internationale, la grippe pandémique A(H1N1)v, essuyant d’ailleurs de nombreuses critiques.
L’avis du HCSP ne porte pas sur la pandémie grippale mais sur toutes les maladies transmissibles, zoonoses et maladies vectorielles, et les maladies causées par la contamination de produits importés « pour lesquelles il n’existe pas de cycle de transmission avérée sur le territoire métropolitain ».
Les recommandations portent sur les mesures lors de l’arrivée au point d’entrée du territoire bien que, souligne le HCSP, « l’adoption rapide de mesures à la source constitue le moyen le plus efficace d’empêcher la propagation internationale de maladies ».
Évaluation graduée.
Pour chacune des maladies, une évaluation graduée a été réalisée, de la gravité clinique de la pathologie induite (faible, modérée, forte), du risque de transmission à l’homme (très faible, faible, modérée, forte), de la probabilité de survenue de l’événement (très faible, faible, modérée, importante).
« Un risque de santé publique existe dès lors qu’il y a transmission interhumaine secondaire et installation d’un cycle de transmission locale », précise le HCSP. De même, rappelle-t-il, « tout voyageur infecté peut introduire un agent pathogène et être à l’origine de la transmission de la maladie s’il est en contact avec un vecteur compétent présent sur le territoire ». La dengue et le chikungunya, dont le risque est « avéré », en sont un exemple. Tout voyageur fébrile venant d’une zone d’endémie de dengue ou de chikungunya et arrivant en France dans une zone où Aedes albopictus est présent doit consulter en urgence un médecin et être protégé des piqûres du moustique jusqu’à obtention du diagnostic. En cas de confirmation, les mesures doivent être mises en place selon les modalités du plan antidissémination.
Parmi les autres menaces liées aux moustiques, la probabilité de survenue est jugée très importante pour le paludisme et le virus West-Nile ; elle est faible pour la fièvre jaune ou l’encéphalite japonaise. Les maladies liées aux punaises, essentiellement la maladie de Chagas, ont un risque d’importation très faible et celles liées aux puces – peste bubonique – faible. Le risque dans le cas des poux, tiques, simulies, glossines (mouches tsé tsé), phlébotomes, vecteurs de nombreux agents pathogènes, est aussi très faible.
Les rongeurs constituent une menace quand ils sont porteurs d’Hantavirus à l’origine d’une infection dont la gravité et la transmissibilité sont modérées, de même que le risque de survenue. Pour les autres, peste, arenavirus (Lassa), poxivirus, le risque est faible ; il est très faible pour la rage, dont la gravité clinique est pourtant élevée. Le risque de rage transmise par des chauves-souris est très faible et celui de fièvre Ebola ou Marburg, faible. Des menaces liées aux animaux domestiques existent par l’intermédiaire des chiens, chats et furets porteurs de la rage mais la probabilité est faible. En revanche, la menace liée aux oiseaux domestiques porteurs de virus grippaux est jugée importante.
Bétail (fièvre de la vallée du Rift, fièvre Crimée-Congo), peaux (charbon cutané) et aliments contaminés importés sont également une source de menace avec un risque en général faible. En revanche, les risques liés aux personnes peuvent être importants comme dans le cas de la tuberculose ultrarésistant, du méningocoque non autochtone. La probabilité de survenue d’un cas de SRAS ou de diphtérie est jugée faible et très faible pour la peste pulmonaire, le charbon pulmonaire ou la grippe aviaire.
Précautions à bord.
Dans son avis, le HCSP propose que des mesures soient mises en place par le personnel de bord des avions et des bateaux, qui « doit signaler tout événement sanitaire survenant à bord ». Dans ce cas, le commandant doit transmettre des informations (nombre de personnes concernées, description des symptômes) au centre de santé avant la descente des passagers. À bord, les précautions standards doivent être appliquées et le port de masques antiprojections proposé aux passagers malades. Ces précautions concernent aussi le personnel au sol. L’enquête autour du ou des cas devra ensuite identifier le mode d’importation et de contamination.
Le HCSP tient à souligner que « la variabilité d’expression des maladies allant parfois jusqu’au mode asymptomatique et l’incertitude de désinsectisation complète des moyens de transport rendent difficiles l’identification du risque au point d’entrée ». En revanche, « la notification rapide du premier cas est cruciale pour mettre en place les moyens de contrôle », insiste le Haut conseil.
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