LE QUOTIDIEN - Votre secteur hospitalier se porte-t-il bien ?
DR FRANÇOIS ZANASKA - Les ESPIC (établissements de santé privés d’intérêt collectif, ex-PSPH) ont les mêmes objectifs que les hôpitaux publics sans la contrainte de la rentabilité propre aux cliniques. Pourtant, leurs potentialités sont sous utilisées : ils ne représentent que 10 % du secteur MCO (médecine, chirurgie, obstétrique). Le rapport consacré au modèle hospitalier invisible [Institut Montaigne, 2005] m’avait contrarié : comment se peut-il que ce secteur, potentiellement plus éthique que les autres, soit si invisible ? Nous avons une expertise, une légitimité, mais nous avons oublié de le faire savoir. Faire bien et au juste coût est un élément attractif pour les jeunes. Pourtant, nos hôpitaux manquent de médecins.
Quel rôle la Conférence compte-t-elle jouer ?
Les médecins exerçant en ESPIC n’ont pas le sentiment d’appartenir à une communauté comme à l’hôpital public, où l’esprit de corps est très marqué : il faut créer du lien entre les confrères. Mon objectif, c’est que les 12 000 médecins exerçant au sein des 600 hôpitaux ESPIC soient heureux et fiers d’être dans un secteur d’avenir. La Conférence doit également devenir un interlocuteur incontournable des tutelles, qui considèrent qu’il n’existe que deux secteurs hospitaliers, le public et le privé commercial. La FEHAP n’est pas suffisamment combative pour développer le secteur MCO. Il convient de corriger notre déficit d’image y compris auprès de certains politiques. François Hollande a visité un centre de lutte contre le cancer il y a quelques mois. Il est sorti en disant : « Que c’est bien, le public! ». Nos spécificités sont mal identifiées. La santé en général n’est pas un sujet de campagne. Dans son discours de Villepinte, Nicolas Sarkozy n’a pas cité une seule fois le mot santé.
Comment vous y prendre pour restaurer l’image du secteur ?
Je vais organiser des réunions en région pour que les médecins du secteur se rencontrent et échangent. En parallèle, nous allons nous rapprocher des tutelles régionales pour mieux nous faire connaître. Il n’est pas envisageable que des discussions hospitalières se déroulent sans nous. Nous avons subi la mise en place de la loi HPST : il y a eu des grèves dans les CHU alors que nous avons été spectateurs de cette évolution. Cela ne me paraît pas normal. Le ministère de la Santé et le Parlement sous estiment notre place, et n’entendent pas nos revendications. Nos gardes restent impayées, nous n’avons pas de compte épargne temps. Il est temps de nous faire entendre.
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