Vendredi 14 février, soignants et usagers sont attendus nombreux dans la rue pour « déclarer leur flamme » à l'hôpital public. Les collectifs inter-urgences (CIU) et inter-hôpitaux (CIH), à l'initiative de cette « Saint-Valentin de l'hôpital », espèrent donner un nouveau souffle au mouvement de contestation qui dure depuis onze mois. Tous espèrent « un sursaut » après une période dominée par la réforme des retraites.
Un cortège parisien qui aura valeur de test
À Paris, un cortège s'élancera à 14H de l'hôpital Necker en direction de la Pitié-Salpêtrière après un passage par Cochin. Cœur géant et lecture de lettres d'amour à Caen, dépôt de gerbe à l'agence régionale de santé (ARS) à Nantes, chaîne humaine à Pau et Compiègne… Plus d'une centaine d'actions sont prévues partout en France selon la CGT. « Même dans les petits villages la population est mobilisée », se félicite Michèle Leflon, présidente de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité.
C'est la troisième journée de manifestations et de grève des soins programmés en quatre mois. Le 14 novembre dernier, plus de 10 000 blouses blanches avaient battu le pavé dans la capitale. Malgré trois plans gouvernementaux (juin, septembre et surtout novembre) et près de deux milliards d'euros débloqués, la colère reste intacte. « Il y a un désamour du gouvernement pour l'hôpital public », martèle Mireille Stivala secrétaire générale de la Fédération de la santé et de l'action sociale CGT.
Union sacrée
Réunis ce mercredi à l'occasion d'une conférence de presse préparatoire à la manif, les chefs de file des grévistes accusent les pouvoirs publics de n'avoir toujours pas « pris la mesure de la crise ». Ils alertent sur la « destruction de l'hôpital public » qui menace. « Rien ne s'est passé en un an, résume, amer, le Dr Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), c'est toujours le marasme ».
Les primes accordées aux personnels des urgences puis aux autres soignants ? « Aucun résultat en termes d'embauche et d'attractivité », balaie le Dr François Salachas, un des fondateurs du CIH. La reprise d'un tiers de la dette des hôpitaux par l'État (10 milliards d'euros sur trois ans) ? « L'équivalent d'à peine 200 millions d'euros pour 2020 », poursuit le neurologue de la Pitié-Salpêtrière.
La hausse garantie des tarifs jusqu'en 2022, pourtant saluée par les fédérations hospitalières ? Même pas évoquée ce mercredi. « Toutes les annonces se font à enveloppe contrainte », objecte le Dr François Salachas.
Les appels à manifester vendredi émanent de toute part : collectifs de soignants bien sûr (CIU, CIH, collectif inter-blocs, printemps de la psychiatrie) mais aussi centrales syndicales (CGT, CFDT, SUD, UNSA, CFTC, CFE-CGC), syndicats de praticiens (APH, CMH, INPH, SNAM-HP, Jeunes Médecins, AMUF, USP) et usagers (coordination nationale). Les juniors seront aussi de la partie (internes de l'ISNI, jeunes pharmaciens ou biologistes de l'AJPH et de la FNSIP-BM). « Seule Roselyne Bachelot avait réussi ce tour de force », s'amuse Jean-Marc Devauchelle, secrétaire Général de SUD Santé AP-HP.
Choc d'attractivité et négos immédiates
« Le gouvernement ne pourra pas faire l'économie de nos revendications », prévient Hugo Huon, président du CIU. Depuis près d'un an, les blouses blanches réclament la hausse de l'objectif national de dépenses d'assurance-maladie (ONDAM) d'au moins 4 %, l'arrêt des fermetures de lits et une « revalorisation significative des salaires ».
Seul un « choc d'attractivité » pourra contenter les grévistes, s'accordent Jacques Trévidic, président d'Action praticiens hôpital (APH) et le Dr Patrick Léglise de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH). Ils demandent l'ouverture « immédiate » de négociations sur les salaires et les budgets hospitaliers.
Après la démission de 800 médecins de leurs fonctions administratives ces deux dernières semaines, la mobilisation de vendredi aura valeur de test pour les grévistes.
Pas question de renoncer pour autant. S’ils ne sont pas entendus, les hospitaliers en colère « imposeront le sujet dans les municipales », prévient le Dr Patrick Pelloux. Chez les jeunes, l'idée de « porter sur le terrain judiciaire » les assignations subies par les internes grévistes fait aussi son chemin.
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