LE QUOTIDIEN - Le déficit cumulé du CHU, 119 millions d’euros, constitue un sacré boulet. Comment expliquer ce montant vertigineux ?
PHILIPPE DURON - Le CHU est pénalisé par la tarification à l’activité, l’amiante entraîne d’importants surcoûts. Les locaux sont inadaptés : les huit plateaux techniques sont répartis sur huit étages différents. L’affaire Martinez [Joël Martinez, l’ancien directeur général, a été débarqué pour sa mauvaise gestion, NDLR] n’a rien arrangé : l’ancien DG a masqué la moitié du déficit. La construction du pôle mère-enfant-hématologie, via un PPP [partenariat public-privé] qui coûte 13 millions d’euros par an, a été une erreur. Sans ce PPP, il n’y aurait plus de déficit aujourd’hui.
Demandez-vous à Marisol Touraine d’effacer l’ardoise ? Totalement, partiellement ?
Les marges de manœuvre financières du ministère de la santé sont réduites, je ne sais pas si le gouvernement est en capacité de gérer cette dette. L’urgence, c’est d’abord d’obtenir le lancement de la reconstruction du CHU. Xavier Bertrand avait promis 500 millions d’euros, Roselyne Bachelot avait ensuite donné son feu vert. Que l’on débloque enfin les crédits Hôpital 2012!
Le personnel du CHU se dit épuisé par les efforts de restructuration déjà engagés (450 postes supprimés en trois ans). N’est-on pas arrivé « à l’os » ?
C’est le cas avec l’organisation actuelle, qui est celle d’un hôpital général qui fait tout, et qui le fait dans une approche classique. Le CHU doit s’adapter aux attentes de la population, en développant les consultations et l’ambulatoire. Si le CHU se fait manger la laine sur le dos par les cliniques privées caennaises, Saint-Martin et le Parc, c’est parce qu’il n’a pas leur réactivité.
Vous appartenez à la majorité présidentielle. À vos yeux, comment décliner le pacte de confiance au CHU de Caen ?
L’hôpital n’a pas à être traité exactement comme les cliniques, qui n’ont pas le même rôle. L’application des mêmes tarifs aux deux secteurs, comme l’a souhaité le précédent gouvernement, a entamé la confiance. Avec ce pacte, on va redonner à l’hôpital un peu d’oxygène pour fonctionner et se moderniser. Ma conviction, c’est que l’État ne peut pas laisser tomber le CHU de Caen. Plus il attend, plus cela coûtera cher à la collectivité.
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