La crise qui touche les EHPAD depuis quelque temps a permis de mettre en lumière un métier encore parfois mal connu mais extrêmement important au sein de ces structures, le médecin coordonnateur, maillon plus qu’essentiel pour permettre le bon fonctionnement de l’établissement.
Cette fonction est apparue avec la signature des conventions tripartites, qui ont transformé les maisons de retraite médicalisées en Ehpad. Les médecins coordonnateurs travaillent au sein des EHPAD, privés ou publics. Ils ont pour mission principale d’assurer la qualité de la prise en charge au niveau institutionnel et l’encadrement du personnel médical. Véritable conseiller du directeur de l’établissement (dont il dépend), il travaille en étroite collaboration avec lui et avec un cadre infirmier.
De larges missions et des interactions multiples
L’article D312-158 du Code de l’action sociale et des familles définit les multiples missions à la fois médicales et administratives du médecin coordonnateur : élaboration du projet de soins de l’établissement et du projet de soins individualisé du résident, avis sur les admissions des nouveaux résidents (s’assurer notamment que l’Ehpad pourra assurer la prise en charge médicale) et coordination du travail de l’équipe soignante et des intervenants libéraux, via une commission de coordination gériatrique qu’il préside. Il veille par ailleurs à l’application des bonnes pratiques gériatriques et participe à l’évaluation de la qualité des soins dans l’institution et à l’élaboration des listes de traitement. Si urgence, le médecin coordonnateur peut s’occuper des prescriptions médicales et prescrire : cette faculté a été élargie récemment, notamment aux cas d’absence du médecin traitant. «Il faut revaloriser les compétences gériatriques du médecin, en terme de prévention, de prescription, avec plus d’indépendance dans les décisions médicales» estime le Dr Gaël Durel, président du syndicat Mcoor,
Temps partiel répandu et pénurie de postes
En vertu du décret de septembre 2011, le médecin coordonnateur a un temps de présence minimal en fonction de la capacité autorisée de l’établissement : s’agissant d’une institution dont le GIR pondéré moyen est d’au moins 800 points, il sera supérieur ou égal à un équivalent temps plein de 0,25 pour un Ehpad de moins de 44 places et à un équivalent temps plein de 0,80 pour les structures plus importantes de 200 places.
Devenir médecin coordonnateur est possible après avoir exercé quelques années en tant que médecin salarié ou libéral. Au niveau de la formation, le médecin diplômé d’État doit être titulaire d’un DU « Coordination en Gérontologie et Coordination Médicale EHPAD ». Il peut également posséder une capacité de gérontologie validée dans le cadre de la formation médicale continue ou un diplôme d'études spécialisées en gériatrie.
Divers savoir faire spécifiques sont requis : maîtriser les méthodes d’évaluation de l’état de dépendance des résidents (AGGIR, PATHOS), connaître les disciplines soignantes en EHPAD et la législation encadrant le fonctionnement de ces établissements. Ce poste exige aussi un sens de l’organisation au vu des différentes tâches à accomplir. Concernant sa rémunération, elle diffère selon la forme juridique de l’établissement où exerce le praticien ainsi que son temps de présence. De nombreux médecins coordonnateurs ont en effet des postes à temps partiel, certains occupant ces fonctions parallèlement à une activité libérale. Un médecin coordonnateur débutant peut gagner entre 45 000 et 60 000 € bruts par an. D’autres facteurs font varier ce salaire comme le niveau d’expérience, la taille de l’établissement ou encore la convention collective.
Malgré la variété de missions et le besoin de recrutement dans le secteur médico-social, on déplore une pénurie de médecins coordonnateurs. Selon une étude de la DRESS, en 2018, 10 % des EHPAD avaient un poste vacant depuis au moins 6 mois. Cela va de pair avec un turn-over important dans ces structures (15 % du personnel a une ancienneté de moins de 1 an en EHPAD) et de la localisation de beaucoup d’établissements en zone rurale, peu attractive pour les jeunes diplômés. La pénurie entraîne une concurrence entre les établissements, surtout les EHPAD privés qui pâtissent de la comparaison avec les statuts plus avantageux du public.
Pourtant, neuf médecins coordonnateurs sur dix portent un regard positif sur leur métier. Selon le résultat d'une étude Futuramed de Appel Médical Search réalisée auprès de 200 praticiens exerçant auprès d'EHPAD. 91 % des praticiens sondés ont une image « positive » de leur profession. Les principaux points positifs sont le travail en équipe (52 %), la contribution au bien-être des résidents et leur famille (40 %) ou la pluridisciplinarité (37 %). L'Ehpad n’est pas un hôpital social, ce sont des résidents avec des pathologies particulières, et le médecin coordonnateur a un vrai rôle à jouer en termes de management, de formation et de coordination d’équipe», souligne le Dr Gaël Durel. pour lui, c’est avant tout l’Ehpad qu’il faut repenser, ainsi que sa gouvernance médicale, avec un médecin coordonnateur souvent mis en porte à faux si ses prises de décision diffèrent de celles du directeur. .
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