Le changement de modèle aux urgences – effectif depuis mi-mars – était devenu indispensable pour faire face à l’afflux de patients. Avec plus de 103 000 passages par an, le service des urgences du CHRU de Lille est le plus important de France. La fréquentation augmente de 6 % par an. Les caractéristiques des patients évoluent aussi : aujourd’hui, 20 % des admis ont plus de 80 ans, ce qui commande une prise en charge plus lourde. D'où la nécessité de prendre le taureau par les cornes.
« Nous avons fait du benchmarking pour puiser dans différents hôpitaux les meilleures idées et modes d’organisation, explique le Pr Éric Wiel, chef du service des urgences adultes. Un meilleur tri des patients à l’admission et la mise en place de filières courtes de soins (AVC, épilepsie, chirurgie) permet de fluidifier considérablement l’activité. »
Ce sont les médecins qui se déplacent
Les urgences adultes sont divisées en deux circuits différenciés. Le circuit court, représentant quelque 22 000 entrées par an, accueille les patients entre 8 heures et 23 heures avec des équipes associant médecin urgentiste, orthopédiste, infirmières et aides soignantes. Dans ce circuit court, qui couvre également les urgences de chirurgie dentaire, l’objectif est d'assurer la prise en charge en deux heures maximum si la pathologie le permet.
Le circuit long cette fois, installé dans des bâtiments remodelés, connaît une refonte complète. « C’est un changement de paradigme organisationnel, assure le Pr Wiel. Auparavant, faute de gestion des flux, les patients restaient dans les couloirs en attendant une place. Désormais, dès que le tri est fait, le patient est orienté et installé dans un box. Ce sont les médecins qui se déplacent jusqu’à lui. » Objectif : la durée moyenne de passage doit passer de 5,8 heures à 4 heures.
Les nouveaux locaux, deux fois plus spacieux qu’auparavant, permettent une circulation aisée. Autour de la « Place de l’urgence », sorte de rond-point d’orientation, s’articulent les services qui prendront en charge le patient selon le degré de gravité. Outre deux boxes d’isolement (pour les patients contagieux) et quatre de surveillance rapprochée, 25 boxes sont installés autour d’un poste de surveillance en arc de cercle. La prise en charge est assurée par des équipes associant médecins, infirmières et aides-soignantes.
Praticien régulateur du flux
Pour l’heure, le nouveau service tourne à effectifs constants (16 médecins) mais l’équipe a réclamé des renforts : trois postes équivalent temps plein d’infirmiers et aides soignants et six équivalent temps plein de médecins.
Pour libérer les boxes au fur et à mesure, les patients en attente d’examens sont installés dans des salons aménagés dans divers endroits du service. Aucun accompagnant ne sera présent dans la zone de soins afin de préserver la confidentialité.
Autre nouveauté : l’arrivée dans l’équipe d’un médecin régulateur du flux. Présent lors des pics d’activité, il est chargé de la gestion des lits et joue le rôle de correspondant avec les différents services pour faciliter l’orientation interne des patients. Arrivera bientôt aussi un « bedmanager », cadre hospitalier chargé, lui, de la sortie des patients.
Le service de déchocage a également fait sa révolution, en intégrant l’imagerie médicale au sein des urgences. Deux scanners sont installés à proximité immédiate des blocs opératoires (un bloc mixte propose même une association radio interventionnelle et chirurgie). « C’est un équipement unique en Europe qui permet à deux équipes de travailler simultanément, explique le Dr Delphine Garrigue, anesthésiste-réanimateur et chef adjointe du pôle. En évitant de déplacer le patient, on gagne énormément de temps. Mais c’est un changement de culture : des personnes qui avaient l’habitude de travailler seules apprennent à collaborer ».
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