LA BIOLOGIE de l’AP-HP, en quelques chiffres, c’est 2 milliards de B par an, 150 à 250 services répartis sur une trentaine d’hôpitaux, 4 500 équivalents temps plein (dont 3 500 sont médicaux). L’activité est dispersée, morcelée, cloisonnée. Et coûteuse : 400 millions d’euros de dépenses par an. La réorganisation semble inéluctable sous l’effet d’une double pression, financière, et réglementaire (l’ordonnance Ballereau impose un gros travail sur la qualité).
« On sent bien que la biologie est dans l’il du cyclone. La mise en place des pôles n’a rien changé. Le nouveau plan stratégique de l’AP-HP va forcer les restructurations », résume le Pr Philippe Beaune, chef du pôle biologie à l’Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP), et animateur du groupe de réflexion sur la biologie au sein de l’AP-HP.
Au pied du mur, les biologistes veulent à tout prix éviter la construction d’un laboratoire unique, une tour centrale en plein Paris qui traiterait l’ensemble des analyses du CHU. Peut-être le rêve de l’administration à moyen terme. « On n’acceptera pas de faire circuler un tube qui doit être analysé dans les dix minutes, prévient le Pr Beaune. Puisque l’AP-HP forme désormais douze groupes hospitaliers, privilégions cette approche, et créons un seul pôle de biologie par groupe hospitalier. » L’orientation, présentée en conseil exécutif en mars, sera prochainement exposée aux organisations syndicales. La réorganisation de la biologie sera l’un des axes forts du futur plan stratégique de l’AP-HP, voté en juillet prochain.
Injecter des moyens.
Regrouper les 150 à 250 services actuels en douze pôles de biologie rimera immanquablement avec baisse des effectifs. « Nous pensons qu’il est possible de gagner en qualité et en délai de réponse tout en allégeant les effectifs, à condition d’investir dans la robotique, les transports, l’informatique, la mise aux normes, l’immobilier, estime le Pr Jean-Claude Petit, président du comité consultatif médical de Saint-Antoine, et conseiller biologie au sein de la mission efficience de l’AP-HP . Le président de la CME bataille actuellement avec la direction générale pour avoir ce soutien à l’investissement. Nous refuserons les coupes sombres dans les équipements ».
Des exemples de regroupement à moindre échelle fonctionnent déjà, qui encouragent les biologistes sur cette voie. « Rien qu’à l’HEGP, il y a 7 ou 8 labos, expose le chef du pôle biologie, le Pr Beaune . L’arrivée de machines à haut débit nous fait évoluer. J’ai dépensé beaucoup de salive à convaincre les virologues de ne plus avoir leur propre machine. Déléguer la réalisation de ses actes techniques à une plateforme commune n’est pas facile : les virologues craignaient une usine qui crache des chiffres. De même, les pharmacologues n’ont pas facilement accepté de déléguer le dosage des médicaments à une plateforme commune. Ils craignaient la disparition de leur discipline, et une baisse du service médical rendu. Avec deux ans de recul, la pharmacologie a conservé son rôle. Cela fait partie des pistes à étudier à l’échelle de l’AP-HP. »
D’accord pour mutualiser les moyens, disent en substance les biologistes de l’AP-HP. D’accord, également, pour booster l’activité, et tailler des croupières au privé en « captant » les examens de biologie prescrits lors des consultations externes. Mais pas à n’importe quel prix. « Seules les suppressions de postes médicalement justifiées seront acceptables », prévient le Pr Petit. « La recherche sur les biomarqueurs, nous y sommes très attachés. Il faut que nous puissions continuer », renchérit le Pr Beaune.
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