« ORGANISATION en pôle inutile, chef de pôle également ». « Il faut supprimer les pôles ». « Aucun intérêt pour les structures moyennes ». Certains praticiens hospitaliers ne mâchent pas leurs mots à propos des pôles d’activité mis en place en 2007 à l’hôpital public.
Les pôles sont nés dans la foulée de la tarification à l’activité. Piliers de la nouvelle gouvernance hospitalière, dite « médicoéconomique », ils devaient se substituer aux services, et s’accompagner d’une délégation de gestion. Jean-François Mattei, au lancement de la réforme, se montrait enthousiaste : le chef de pôle sera « à la fois un médecin et un gestionnaire ». Un médecin d’un genre nouveau, habilité à engager certaines dépenses et recettes par le biais de la contractualisation.
Sept ans plus tard, les pôles ne font toujours pas l’unanimité. Marisol Touraine a chargé les conférences de directeurs et de présidents de CME d’en dresser un bilan. Colère des intersyndicales de praticiens hospitaliers : « Confier le bilan de la réforme des pôles à ceux-là seuls qui en sont partisans ou qui l’ont défendue n’est sans doute pas inutile, mais assurément partial ». En réaction, les cinq intersyndicales (Avenir hospitalier, CMH, CPH, INPH, SNAM-HP) ont mené leur propre enquête. Elles ont mis en ligne un questionnaire, rempli par près de 6 000 praticiens* (12 % du corps des PH).
Bureaucratisation.
La critique est sévère. Premier enseignement de l’enquête : l’information diffuse mal. Dans 30 % des pôles, aucune structure de concertation ne fonctionne. Quand un contrat de pôle existe, la moitié des sondés n’en connaît pas le contenu. Trois PH sur quatre ignorent si un intéressement collectif ou individuel est en place. Les bilans d’activité et les résultats du pôle ne sont pas portés à la connaissance des praticiens dans près d’un cas sur deux.
Deuxième leçon : les PH ressentent davantage de pression depuis la création des pôles. Un tiers des professionnels s’estiment moins disponibles qu’avant. Ils sont autant à constater une dégradation des relations entre collègues. 61 % notent une accentuation de la pression économique, et 83 %, un alourdissement de la bureaucratie à l’hôpital. Une majorité de PH observent le renforcement du pouvoir de la direction sur le corps médical.
Faut-il revenir aux services d’antan ? C’est ce que semblent réclamer les PH, hypermajoritaires (82 %) à considérer que l’organisation en pôles n’est pas plus fonctionnelle que l’organisation en services. La plupart souhaitent que les pôles deviennent facultatifs, et que les chefs de pôle soient élus par les praticiens du pôle (et non plus désignés par le directeur sur proposition de la CME).
Les cinq organisations de PH demandent à être reçues par Marisol Touraine pour débattre du bilan des pôles. « Le pôle est éloigné de la vie collective de l’établissement. Il convient urgemment de refonder l’organisation médicale », réagit le Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH.
* 38 % des répondants exercent en CHU, 22 % travaillent en Ile-de-France, 40 % n’ont aucune fonction particulière, 37 % sont chefs de service, 11 % sont chefs de pôle.
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