Dans les services hospitaliers, services d’aide médicale d’urgence (SAMU) ou bien les services mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR), les médecins urgentistes manquent à l’appel.
À Montpellier, Rochefort, au Mans ou à Albertville des services cherchent à en recruter par tous les moyens et pas moins de 49 postes vacants figurent sur le site de la Société française de médecine d’urgence à l’heure actuelle. Pourtant, les seniors assurent que les jeunes médecins ont toutes leurs chances dans ce domaine.
Aux urgences, en SMUR ou en régulation, cet exercice parfois insolite qui impose une organisation sans faille, garantit un travail passionnant au sein d’équipes soudées. « L’urgence, c’est choisir une spécialité très jeune qui gagne en considération et se forge une place centrale dans le système médical », assure un interne. Attiré par la gynécologie obstétrique et la pédiatrie, c’est finalement dans les services d’urgence qu’il est certain de trouver sa place. Un choix que comprend parfaitement Pierre Coninx, médecin au SAMU 92 qui assure qu’il n’aurait fait autre chose pour rien au monde : « C’est l’exercice idéal pour tous ceux qui veulent fuir la routine. La médecine d’urgence exige de s’adapter aux circonstances et au contexte. C’est un état d’esprit et une expertise qui nous emmène très loin. »
Esprit d’ouverture et goût pour l’imprévu
Au SAMU 92, Pierre Coninx insiste sur le développement de l’urgence préventive. « On s’implique aussi à l’avance dans l’organisation de concerts, de manifestations ou bien encore du Tour de France pour prévoir l’organisation la plus méticuleuse possible. Ces préparations avec les pouvoirs publics nous permettent de rencontrer des gens différents, on change d’univers. » Des ouvertures et une expertise très recherchée qui cassent l’image de l’urgentiste vissé au bout du couloir des urgences dont le seul but est de gérer des galères permanentes.
« L’urgence n’est pas un problème, c’est une solution même si cela coince toujours sur les Iits d’aval. Aux urgences du CHU de Grenoble, nous en recherchons 40 toutes les 24 heures et cela peut devenir d’une fluidité totale du jour au lendemain dès qu’un politique aura le courage de réouvrir les lits fermés ces dernières décennies », tranche le Pr Vincent Danel responsable du centre 15 de l’Isère. Des problèmes d’organisation qui ne doivent pas détourner les talents. Car au quotidien, des équipes unies et passionnées font face. Un regard, quelques phrases suffisent pour préparer un patient à la réanimation ou à une chirurgie, bien réagir en situation d’arrêt hémorragique ou cardiaque.
Une coordination bien rodée, car au-delà de la partie un peu spectaculaire de la prise en charge, les urgentistes font équipe avec les secrétaires, les aides-soignantes qui doivent avoir la dextérité nécessaire pour faire sortir les familles, leur expliquer ce qui se passe. « Une simple panne d’ordinateur et c’est l’apocalypse », témoigne un jeune professionnel. Car tout doit aller vite et ce mode d’exercice requiert des qualités bien particulières.
Équilibre et art de communiquer
Pour être un bon urgentiste, mieux vaut aussi ne pas être trop perfectionniste. « Il faut bien avoir conscience que notre rôle consiste à gérer les 24 premières heures du patient. Si vous êtes extrêmement perfectionniste, que vous voulez avoir le diagnostic à tout prix, le suivi du malade et les résultats thérapeutiques, on ne l’a pas toujours. Vous risquez d’être frustrés », prévient Gérald Kierzek à l’Hôtel-Dieu. Il insiste sur l’art de communiquer : « C’est un travail en équipe, vous n’êtes pas tout seul dans votre cabinet, vous êtes dans une clinique ou un hôpital. Il y a une équipe, c’est indispensable, c’est une chaîne. On est vraiment sur ce travail d’équipe et il faut que ce soit fluide, il faut que l’information passe. »
Des qualités humaines indispensables qui s’accompagnent d’atouts techniques évidents, renforcés et bientôt mieux reconnus. La médecine d’urgence est en effet sur le point de devenir une spécialité et les futurs confrères qui décrocheront le DES ne seront plus regardés de la même manière par les autres spécialistes.
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