Quatre mois après sa nomination, le nouveau directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) a tracé la semaine dernière sa feuille de route. Philippe de Mester a rappelé les grands axes prioritaires de la politique de santé dans la région, autour, notamment, de la prévention et de la coordination des acteurs de santé. Mais il n’a pu éviter les dossiers sensibles qui jalonnent désormais son quotidien : la situation très difficile de l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et le logement insalubre.
L’ancien préfet de la Somme qui « aime travailler avec un ancrage fort sur le territoire » doit adapter la déclinaison du plan de santé du gouvernement aux caractéristiques de cette région. « Ici, en 2040, plus du tiers de la population aura plus de 60 ans et un habitant sur cinq aura 75 ans et plus, contre un sur dix aujourd’hui, assure Véronique Billaud, directrice des politiques régionales de santé de l’ARS PACA. C’est une région qui présente également beaucoup de disparités fortement liées à l’environnement et une très grande pauvreté qui impacte la santé. » Une attention particulière est portée à la question du logement dans un Marseille traumatisé par l’effondrement d’un immeuble de la rue d’Aubagne en novembre 2018. Avec 7,5 % de logements indignes et un quart de logements anciens, voire très anciens, les experts constatent que sa population vulnérable est particulièrement exposée aux pathologies liées à cet environnement malsain et au plomb en particulier.
Dans ce contexte tendu, « la législation est très claire en la matière, dit encore Philippe de Mester, la responsabilité de l’ARS est différente suivant si les collectivités sont dotées d’un service d’hygiène ou pas. À Marseille, c’est le cas, et notre responsabilité se résume à répondre aux signalements et à préparer les dossiers devant la commission idoine. Nous avons d’ailleurs recruté trois personnes supplémentaires pour faire face à cette mission. »
Une discussion est aujourd’hui menée entre l’État, la ville de Marseille et la Métropole pour transférer cette responsabilité sur l’État. « Nous devrions alors avoir plus de moyens pour mener à bien ce changement. »
Toujours sur le secteur santé-environnement, Philippe de Mester a annoncé le développement d’un programme de recherche autour de l’Étang de Berre, pour étudier la prévalence bien supérieure des cancers sur ce territoire.
Aucune fermeture d’hôpital en PACA
En ce qui concerne l’AP-HM, autre dossier sensible s’il en est, Philippe de Mester multiplie les réunions. « Les dirigeants sont en train de revoir leur copie pour réduire le temps de perturbation des établissements qui doivent être rénovés, notamment dans certains services de la Timone. C’est une base de discussion pour que la période d’investissement soit la plus courte et la plus efficiente possible. » Il a rappelé qu’aucune fermeture d’hôpital n’était programmée en PACA.
Enfin, le DG de l’ARS a annoncé poursuivre la collaboration avec les libéraux de l'URPS PACA pour lutter contre les déserts médicaux. Plusieurs propositions sont faites pour réaliser une couverture complète du territoire à l’horizon 2022 avec la ville pour assurer la continuité de la prise en charge. « Une centaine de maisons pluridisciplinaires devraient voir le jour d’ici là. Mais ce n’est pas la seule réponse envisagée. On peut, par exemple, favoriser l’implantation d’un médecin seul avec une infirmière. Et puis, dans le cadre de l’opération nationale d'implantation de 400 médecins généralistes [dans les déserts, NDLR], 17 le seront dans notre région. »
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