Vente des médicaments sur Internet

L’Ordre des pharmaciens désapprouve

Publié le 02/06/2010
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OUI À l’information sur les médicaments sur internet, encadrée et fléchée, mais non à leur vente sur internet. C’est en substance la position du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) et de sa présidente Isabelle Adenot.

La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, a engagé récemment une concertation sur la faisabilité d’un encadrement de ce type de pratique afin de mettre la France en accord avec la jurisprudence européenne qui autorise la vente de médicaments sur Internet. « L’Ordre approuve la démarche de Roselyne Bachelot lorsqu’elle veut se pencher sur la question des sites Internet de pharmacie, précise Isabelle Adenot. Il serait irresponsable de ne pas s’en préoccuper. » La présidente du CNOP rappelle qu’on trouve de tout sur Internet : des sites légaux rattachés à des pharmacies, des sites non rattachés, des sites étrangers qui vendent tout et n’importe quoi, et notamment des médicaments contrefaits ou frelatés. « Il faut essayer de faire en sorte que l’internaute sache où il met les pieds », assure-t-elle.

Pour cela, le CNOP a des idées. Il demande la mise en place d’une réglementation claire précisant que lorsqu’un pharmacien ouvre un site, il soit obligé d’en faire la déclaration préalable à l’Ordre ; que le site soit obligatoirement adossé à une pharmacie réelle, « de briques et de mortier » ; qu’il mette en évidence le numéro d’inscription à l’Ordre du pharmacien qui en est responsable. Isabelle Adenot souhaite enfin que la réglementation prévoie la création d’un portail Internet d’accès aux sites dûment créés et enregistrés à l’Ordre. Pour la présidente du CNOP, « l’Ordre est là pour garantir que derrière chaque croix de pharmacie, il y a un vrai professionnel dûment enregistré, il faut que cette garantie soit la même sur Internet ».

En revanche, pour ce qui est de la vente de médicaments sur internet, alors même que la réflexion gouvernementale se limite à la vente des 260 spécialités vendues en France sans prescription, l’Ordre freine de toutes ses forces. « Il y a notamment la question de l’âge de la personne qui passe la commande, indique Isabelle Adenot, mais aussi celle de la législation relative aux achats effectués sur Internet, qui donne à l’acheteur le droit de retourner le produit acheté dans les huit jours. Que fera un pharmacien d’un retour de boîte demédicament ? »

Une réunion sur ce sujet rassemblant la direction générale du commerce, de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF), les syndicats de pharmaciens d’officine, le CNOP, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) et le LEEM (Les Entreprises du médicament) est prévue le 11 juin au ministère.

 HENRI DE SAINT ROMAN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8782