« Le mouvement de grève des infirmières a été peu suivi au sein des hôpitaux, même s'il a été bien relayé par les réseaux sociaux, s'inquiète Laurence Boulou, présidente du Syndicat national des infirmiers de bloc opératoire. Elle-même exerce à Toulouse où seulement 300 manifestants ont défilé. Pourquoi ? Les préavis de grève ont été lancés trop tard. Les assignations et réquisitions ont été nombreuses. De plus, les blocages opérés par les gilets jaunes ont empêché certains manifestants de venir. Pourtant, c'était la première fois depuis 2016 qu'un tel mouvement rassemblant toutes les infirmières a émergé : libérales, salariées, public/privé. L'ambiance n'était pas pour autant à la rigolade. Ces professionnelles se sentent oubliées, voire méprisées par les pouvoirs publics.
Assistants médicaux versus infirmières
Le plan santé 2022 est la pilule qu'elles n'arrivent pas à avaler. Selon Laurence Boulou, aucun syndicat d'infirmières n'a été consulté pour préparer ce plan qui pointe le manque de médecins : « Contrairement à celui des médecins, le maillage des infirmiers libéraux est suffisamment important pour pallier ce manque. » « On crée des assistants médicaux alors qu'on ne donne pas d'argent aux faisant fonction d'Ibode pour qu'elles soient formées et diplômées, s'indigne Brigitte Ludwig, présidente de l'Union nationale des associations d'infirmiers de blocs opératoires diplômés d'Etat - Unaibode). Insuffisantes en nombre à l'hôpital (40 % du total des infirmières à l'hôpital), les Ibode demandent l'application pleine et entière du décret sur les actes exclusifs de 2015 qui a été repoussée à la mi-2019. C'est la serpent qui se mord la queue. Alors que ce texte donne une reconnaissance aux Ibode, celles-ci doivent être diplômées pour accomplir ces actes. Mais les moyens pour la formation ne suivent pas.
Reconnaissance du diplôme au niveau master
Autre brique qui manque pour la reconnaissance de leur spécialité, les Ibode n’ont toujours pas bénéficié de la reconnaissance de leur diplôme au niveau master. « Cette intégration est au point mort. Nous avons travaillé avec le ministère sur ce dossier. On nous a annoncé que nous ne rentrons pas dans le cadre universitaire alors que nous travaillons avec eux. »
Perte d'attractivité financière
Un autre pavé lancé par les infirmières dans le jardin du Gouvernement est la perte d'attractivité financière de la profession. « Les écoles d'infirmières ne font plus le plein », s'insurge Brigitte Ludwig. En cause de manière générale pour les infirmières, le turnover, le manque d'effectif, du matériel pas toujours adapté et surtout une rémunération insuffisante (1 600 euros en début de carrière).
Au final, selon une enquête nationale menée chez les Ibode par le Snibo, 41 % des sondés s'estiment pas satisfaits et 14 % pas du tout satisfaits, soit plus de la moitié de la profession mécontente. En attendant des jours meilleurs, un rendez-vous a été demandé par les syndicats auprès du cabinet du président de la République.
Retrouvez le reportage d'infirmiers.com
Denis Thuriot (maire de Nevers) : « Je songe ouvrir une autre ligne aérienne pour les médecins libéraux »
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne