Manque de reconnaissance, rémunération pas à la hauteur : les IPA salariés ont (déjà) le blues

Par
Publié le 19/04/2023
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : S.Toubon

Salaires, hiérarchie, organisation : l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) publie les résultats préoccupants d'une enquête* sur l’état des lieux de l'exercice des IPA salariés en poste, dans le secteur public comme privé.

La question de la rémunération de ce nouveau métier est clairement le premier sujet qui coince. Côté secteur public d'abord, plus du quart des IPA (28 %) a connu « une baisse ou une absence d’augmentation de salaire net par rapport à leur ancien salaire d’IDE » (infirmier diplômé d’État), le métier socle de la profession. Et pour ceux qui constatent un bonus, l’augmentation moyenne de leurs salaires net est de… 97 euros, la médiane se situant à 50 euros, loin des attentes liées à cette montée en compétences. Cela représente une augmentation moyenne de 4,1 %, « un seuil très éloigné des référentiels internationaux qui lui, se situe à environ 40 % en moyenne dans les autres pays de l’OCDE », se désole l’Unipa.

Dans le public toujours, le bât blesse également côté intégration dans les services. Alors que les IPA réalisent deux années supplémentaires d’études par rapport aux trois ans du cursus classique de leurs confrères IDE, 24 % des sondés n'exercent pas leurs nouvelles compétences « directement après l’obtention de leur diplôme ». Pour ces derniers, le temps moyen d’attente est d’environ 8 mois.

Quant à l’offre hiérarchique, elle est extrêmement variée (médecin, cadre de santé, cadre supérieur de santé, direction des soins, IDE de coordination, etc.) et montre que le « développement des missions IPA fluctue selon la liaison hiérarchique : plus le supérieur hiérarchique se trouve à un échelon limité, plus les missions de l’IPA sont restreintes. » L’inertie des institutions du secteur public et le protocole d’organisation sont des freins principaux. 

Dans le privé, pas de statut !  

La situation des IPA salariés du secteur libéral semble un peu meilleure. En dépit de rémunérations « extrêmement variées », faute de statut IPA dans le secteur libéral, « l’augmentation moyenne de salaire est de 353 euros, soit une hausse de 16 % », indiquent les auteurs de l’étude. 

En outre, les IPA salariés du privé bénéficient d’une « plus grande autonomie » dans l’accomplissement de leurs missions, à la faveur d'une offre hiérarchique « plus large ». Mais là encore, le début de carrière se révèle compliqué : 26 % des IPA de cette catégorie (secteur privé) n'exercent pas leurs nouvelles compétences directement après l’obtention de leur diplôme…

Vice-président de l'Unipa et auteur principal de cette enquête, Jordan Jolys tire la sonnette d’alarme. « Il nous paraît urgent que les instances décisionnaires se saisissent des problématiques des IPA afin d’y apporter des réponses immédiates, sous peine de voir sombrer une profession créée pour améliorer l’accès aux soins de la population française », insiste-t-il. 

La reconnaissance salariale est jugée à ce stade « insignifiante », au regard de la formation supplémentaire et des compétences élargies. L'Unipa vise ainsi un premier échelon à « 3 000 euros mensuels », soit le salaire d’une profession intermédiaire entre infirmier diplômé d'État et praticien hospitalier. En octobre dernier, François Braun s’était engagé à relever le barème de la grille de la fonction publique hospitalière de la rémunération des IPA. « Avec une grille salariale aujourd’hui fixée à 2 168 euros brut, le risque est grand de voir un nombre croissant d’IPA revenir à leur métier socle d’IDE, pour lequel nombre d'entre eux gagnaient mieux leur vie », alerte l'élu syndical.

* Questionnaire diffusé à destination des IPA diplômés salariés du 3 au 15 avril 2023 (331 répondants)


Source : lequotidiendumedecin.fr