Après quatre années consacrées à la démolition des hangars et de l’ancien Marché d’intérêt national (MIN), le CHU de Nantes est désormais propriétaire du terrain de 10 hectares sur l’île de Nantes où les travaux de terrassement sont en cours. Cette avancée inexorable du colosse à un milliard d'euros n’empêche pas de nombreuses voix de s’élever contre le projet dans sa forme actuelle.
Le 13 octobre, lors d’un point presse réunissant des représentants de tous les partis politiques nantais (sauf le PS historique), la CGT (majoritaire au CHU) et des représentants d’associations de la société civile, les participants ont à nouveau contesté le choix du site unique ou seront regroupés toutes les activités de l'Hôtel-Dieu et Laënnec a proximité d'un campus santé. Superficie trop réduite, site d’accès et de stationnement difficiles, zone inondable très coûteuse à construire… Les critiques ont fusé.
La question de la capacité hospitalière, prévue à la baisse, attise surtout la colère. Le parc prévu est de 1 384 lits et places, contre 1 664 aujourd’hui, soit une suppression de 280 lits. « Le dimensionnement du futur CHU est basé sur le postulat d’une forte augmentation de l’ambulatoire. Or, ce taux est de 51 % actuellement, en deçà des prévisions, avec un objectif de 64 % en 2026, difficile à atteindre. Par ailleurs, la baisse des effectifs en personnel est un volet essentiel pour la soutenabilité du projet du futur CHU, ce qui est très préoccupant », souligne Jean-Marie Ravier, membre de l'association locale GAELA (Groupement d’études et d’analyses de Loire-Atlantique). Les opposants réclament davantage de lits et de moyens humains que les projections actuelles, en se basant notamment sur un récent rapport de la chambre régionale de la Cour des comptes, qui dresse un état des lieux mitigé du déroulement de ce projet pharaonique mené sur 15 ans.
Par ailleurs, quid de l’enveloppe dédiée aux équipements neufs ? Il était question dans le projet initial de ponctionner poste ce poste 11,6 % du budget. Mais la Cour des comptes rappelle que « cette enveloppe a été fixée 15 ans avant l’ouverture de l’hôpital et sur des bases qui ne seront pas forcément celles de la santé de demain ». Or, l’investissement en équipements de pointe est un élément central d’attractivité pour les étudiants et les chercheurs.
Enfin, la part d’incertitude, financière notamment, reste élevée. Selon la Cour des comptes, « six ans avant la date prévue pour l’ouverture du nouvel hôpital, 2020 constituera une année charnière pour l’opération : elle permettra d’avoir une vision plus précise du coût du projet après la passation des marchés de travaux ». Les Sages insistent : la santé financière du CHU est aujourd'hui « satisfaisante mais fragile ». Trop pour mener à bien cette totale reconfiguration du paysage hospitalier nantais ?
Pas question de temporiser pour l’ARS et le CHU
Selon Jean-Jacques Coiplet, directeur de l’ARS, le projet doit être maintenu, notamment car il est « évolutif ». Le futur établissement doit abriter 97 % de chambres individuelles mais qui pourraient être dédoublées en cas d’afflux important de patients. Sont prévus 158 000 séjours en médecine chirurgie et obstétrique (sur la base de l'activité en 2020), 58 blocs opératoires, 130 000 passages aux urgences par an, un million de consultations et explorations fonctionnelles par an. « Le défi relevé est celui de la conception d’un hôpital ouvert sur la ville, conscient de sa responsabilité environnementale, anticipant la révolution numérique, en lien étroit avec ses partenaires et offrant un environnement agréable », souligne la direction du CHU. Lors du dernier conseil de surveillance de l'établissement, le 12 octobre, Johanna Rolland, la maire de Nantes, a fait adopter un vœu pour une augmentation de la capacité en lits d’hospitalisation dans le futur CHU. Signe d’une possible inflexion ?
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