La baisse d'activité dans les services d'hospitalisation hors Covid-19 inquiète très fortement l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Après déjà avoir alerté sur les conséquences du renoncement aux soins pendant le confinement, le CHU francilien va plus loin en publiant des recommandations pour accompagner les établissements dans la reprise progressive de l'activité non Covid-19.
Les chiffres ont de quoi alarmer. Du 15 au 30 mars, « le nombre d'appendicites prises en charge par cœlioscopie a diminué de 35 % par rapport à la même période en 2019 », indique l'AP-HP. « Au 14 avril, le nombre d'accidents cardio-vasculaires accueillis dans les services d'urgence est inférieur de 15 % sur les 7 derniers jours par rapport à la même période l'an dernier ; celui des cas de colique néphrétique de 23 % », précise le CHU francilien.
Aux urgences, la fréquentation a chuté de 45 % pour les adultes et de 70 % dans les services pédiatriques depuis la mi-mars. Les appels au SAMU (non liés au coronavirus) ont également baissé de 8 % depuis la mi-mars par rapport à l'an dernier.
-50 % d'endoscopies depuis le début de l'épidémie
Gravement touchée, la filière oncologique constate elle aussi une « baisse importante et inquiétante de fréquentation » — depuis la médecine de ville jusqu'aux services hospitaliers en passant par les laboratoires d'analyses et les centres d'imagerie. Depuis le début de l'épidémie, le nombre d'endoscopies a baissé de plus de 50 %. Or, « les secteurs d'oncologie, de radiothérapie et d'hématologie ont été préservés dans tous les établissements autorisés à traiter les cancers », souligne l'AP-HP.
C'est dans ce contexte que le CHU publie une liste de recommandations à destination de ses établissements pour organiser le parcours des patients et baliser la reprise d'activité non Covid-19.
Ce cahier des charges prévoit le regroupement des patients hospitalisés pour Covid-19 et le bionettoyage « rigoureux » des unités Covid avant de reprendre une activité classique.
Multiplication des tests
L'AP-HP préconise sans surprise la distanciation physique tout au long du parcours hospitalier pour les patients (aménagement des salles d'attente, fauteuils espacés en hôpital de jour, etc.), couplée à une formation à l'usage des produits hydroalcooliques et au port du masque chirurgical. Et pour les personnels hospitaliers, ces consignes de distanciation physique et sociale et de protection maximale sont recommandées « quel que soit le statut Covid-19 du patient ».
Le CHU recommande le dépistage systématique par test PCR des personnels et patients ayant des « symptômes évocateurs de Covid-19, même pauci-symptomatiques ». Pour les asymptomatiques, le diagnostic par PCR est préconisé dans plusieurs cas, notamment si le patient a été admis « en chambre double, à son entrée et dès l'apparition de symptômes le cas échéant » ou encore dans les « unités dans lesquelles les mesures de prévention sont très difficiles à appliquer comme en psychiatrie ».
Inquiètes du recul de certains soins essentiels, les fédérations hospitalières (FHF, FHP, FEHAP, UNICANCER) ainsi que France Assos Santé et l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS, libéraux) ont publié — fait rare — un communiqué commun dans lequel elles exhortent les malades à « ne pas renoncer aux soins », notamment pour la prise en charge des pathologies chroniques et des soins urgents.
Ce que l’on sait du vol de données de santé de plus de 750 000 patients d’un établissement francilien
L’Igas veut inciter tous les hôpitaux à déployer des actions de prévention primaire
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
« L’ARS nous déshabille ! » : à Saint-Affrique, des soignants posent nus pour dénoncer le manque de moyens