Comme tous ses homologues, le CHU de Lille, un des plus vastes établissements de santé du nord de l'Europe avec 16 000 agents travaillant dans 13 bâtiments répartis sur un campus de 60 hectares, est déterminé à contenir la hausse de ses dépenses d'énergie. Avec une facture de gaz multipliée quasiment par sept en 2022 (passant de trois à 20 millions d'euros par an !), et une note d'électricité qui devrait plus que doubler, atteignant « 14 à 18 millions d'euros » en 2023 (contre sept millions par an jusqu'alors), le défi est colossal pour Frédéric Boiron, directeur général du CHU.
Cette explosion s'explique par l'arrivée à échéance de « contrats particulièrement performants », concomitante avec la flambée des prix de l'énergie, précise Olivier Jaeger, directeur technique adjoint chargé des travaux, du patrimoine et de l'immobilier. Or, comme le souligne le Pr Dominique Chevalier, président de la CME du CHU, « l'argent dépensé pour payer l'énergie c'est de l'argent en moins pour investir dans notre capacité d'innover ».
Mesures « toutes bêtes »
Le plan d'économies d'énergie, annoncé à la fin de l'année 2022, comporte d'abord plusieurs actions rapides et concrètes destinées à réduire de 7 % les consommations de gaz et d'électricité, soit l'équivalent de la consommation de 600 familles ou de l'hôpital mère enfant Jeanne de Flandre pendant un an.
Des mesures « toutes bêtes », pour certaines du moins, qui « auraient pu être mises en œuvre sans la crise énergétique internationale », avance le directeur général. Il s'agit par exemple de demander aux milliers d'agents des équipes d'éteindre le soir et le week-end tous les ordinateurs qui peuvent l'être (soit 80 000 euros d'économies) mais aussi d'autres appareils électriques et lumières.
Baisse du chauffage
La modération des envois d'emails à destinataires multiples, avec pièces jointes, est aussi à l'ordre du jour. « Nous sommes 16 000, si chaque personne envoie un mail de moins par jour, c'est l'équivalent d'un trajet aller-retour Lille-Marseille en voiture qui est économisé », illustre Frédéric Boiron. Et de rappeler au passage que brancher un convecteur électrique personnel sur l'installation électrique du CHU était « dangereux et interdit » (même chose pour les climatiseurs l'été).
Les consignes de chauffage ont, elles, été revues avec une baisse généralisée des températures : « autour » de 21°C dans les secteurs de soins (au lieu de 22°C) et à 19°C au lieu de 20°C dans les autres secteurs. L'eau chaude est supprimée dans certains sanitaires (hors postes de soins et chambres des patients). « La qualité des soins n'est absolument pas en jeu », insiste le patron de la CME.
Luminaires innovants et énergie solaire
D'autres mesures nécessitent des investissements stratégiques, pour lesquels le CHU lillois espère des subventions. Quelque 10 000 luminaires intérieurs ordinaires seront remplacés dans les prochains mois par des lampes à LED, certains avec détecteurs de mouvements, pour un montant de 400 000 euros. À l’extérieur, des luminaires « innovants », notamment solaires, remplaceront les ampoules classiques de plus de 500 réverbères.
Pour éviter que des portes restent ouvertes indéfiniment, des systèmes de fermeture automatique des Sas et des quais seront installés. Des études préalables à la mise en place de panneaux photovoltaïques sur les toitures de certains bâtiments vont être lancées, ainsi que la rénovation thermique des bâtiments les plus énergivores. Les économies attendues de ces mesures devraient atteindre 10 % de la facture d'énergie, soit trois millions d'euros par an.
30 % de véhicules verts ?
Le CHU se fixe l'objectif de renouveler « à terme » 30 % de son parc de véhicules thermiques – hors transports de secours – par des véhicules électriques ou hybrides. L'hôpital ambitionne également de réduire le nombre de transports internes, grâce à des outils d'optimisation des trajets.
Autre signe de la mobilisation générale, les personnels hospitaliers sont invités à proposer des actions concrètes et à signaler des incidents ou des problématiques de maîtrise énergétique aux « ambassadeurs du développement durable » des différents pôles et sites.
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