Les réactions des syndicats de médecins hospitaliers s’accumulent à la suite de l’énorme bug des élections professionnelles des médecins hospitaliers, dont les résultats n’ont pas pu être publiés à la clôture du scrutin, prévu le 18 juin.
Les mots ne semblent pas assez durs pour qualifier le fonctionnement de ces élections, une « catastrophe » pour Jeunes médecins, qui déplore des « couacs inadmissibles ». Le SNMH-FO évoque de son côté « la honte au ministère, l’incurie et le mépris pour les carrières et les exercices ». Pour la liste APH/Amuf/Syncass-CFDT, ces élections « virent au cauchemar et démontrent un déni de démocratie ». Le Dr Christian Guy-Coichard, de l’Ufmict-CGT, se dit « extrêmement inquiet de la tenue et de la régularité des élections, mais aussi de l’utilisation de ce mode de vote qui ne marche pas, alors qu’il couvre une base électorale de 100 000 électeurs ». Moins sévère, la liste INPH/Snam-HP/CMH n’en constate pas moins les dégâts, tout en appelant à « un retour d’expérience en associant les directions hospitalières ».
Pluie de dysfonctionnements
De sources syndicales, ces élections ont été marquées par une série de dysfonctionnements majeurs qui vont bien au-delà d’un problème propre au descellement final de l’urne électronique.
Pêle-mêle, Jeunes médecins évoque une mauvaise inscription sur les listes électorales, un problème de réception des identifiants pour voter, un dysfonctionnement de la plateforme e-CPS, des obstacles pour obtenir les numéros d’ordre fictifs pour les Padhue et l’absence d’informations dans les boîtes mails professionnelles des praticiens hospitaliers.
La liste d’APH souligne aussi que, déjà, les élections blanches organisées en mars-avril « ont montré de graves lacunes dans la qualité de la prestation du vote électronique », déplorant que les élections aient pu être ouvertes « in extremis » le mardi 11 juin, entrecoupées de trois réunions de crise.
Bien plus alarmant, le SNMH-FO dit avoir identifié dans les listes électorales « des morts, des médecins qui n’étaient pas inscrits dans le bon collège depuis vingt ans, beaucoup de numéros d’ordre, de numéros de téléphone et d’adresses faux », ce qui n’a pas permis à nombre de praticiens de recevoir leurs codes pour voter, relate le Dr Cyrille Venet, secrétaire général du syndicat. « Le système se montre incapable de rendre des résultats, fulmine le syndicat. Et lorsqu’il les rendra le cas échéant, quelle en sera la sincérité ? »
Cette analyse est partagée par l’Ufmict-CGT, pour qui tous les problèmes techniques depuis les élections blanches en mars-avril jettent un doute sur la régularité des opérations et l’intégrité des données. « Il y a eu de nombreuses interventions sur les bases de données au fil du temps. Ni le prestataire ni le ministère ne peuvent nous donner des garanties sur ces sujets », regrette le Dr Guy-Coichard, co-animateur du collectif du syndicat.
Date butoir le 30 juin
Et maintenant ? Le ministère de la Santé a prévu une nouvelle réunion en présence des syndicats de PH lundi 24 juin à 9 h 30, avec pour objectif de desceller une fois pour toutes l’urne électronique contenant les votes de plusieurs milliers de médecins hospitaliers. Contacté vendredi 21 juin par Le Quotidien, le Centre national de gestion (CNG), co-organisateur des élections, n’a pas été en mesure de garantir la bonne tenue de l’opération, n’ayant pas encore « de retour du prestataire ». Impossible également à ce stade de donner des chiffres consolidés du taux de participation.
Au regard de la situation, les syndicats de PH sont dans le doute, au point pour certains d’envisager une annulation en bonne et due forme des élections. La capacité réelle du prestataire à surmonter le problème est également pointée du doigt. Souci : il n’y a pas de plan B, et le temps presse. La nouvelle composition du Conseil supérieur des professions médicales (CSPM), l’un des trois scrutins de ces élections, doit être rendue avant le 30 juin.
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