Quelques heures seulement avant les annonces d'Édouard Philippe sur son plan de sortie du confinement, la Fédération hospitalière de France (FHF) a rendu publique une note adressée au gouvernement dans laquelle elle pose ses conditions pour « un déconfinement sécurisé et progressif ».
En huit « prérequis », elle y formule ses attentes pour permettre aux hôpitaux un retour à l'activité serein tout en préparant un éventuel deuxième pic épidémique. « La FHF joue son rôle de relais des attentes des établissements et d'accompagnement des pouvoirs publics », a résumé lors d'une conférence de presse son président Frédéric Valletoux.
Face à « l'épée de Damoclès d'une deuxième vague de patients Covid-19 », la FHF exige la totale « transparence » des autorités sur « le modèle épidémiologique utilisé et les hypothèses sur lesquelles le déconfinement va s'appuyer ». Elle demande ainsi l'instauration d'une « règle générale » sur les capacités de réanimation des établissements de santé qui devront rester dédiées au Covid-19.
Avant un retour à une activité normale, les hôpitaux demandent des garanties quant à leur approvisionnement logistique en protections et tests. Ils exigent une dotation en masques FFP2 pour tous les professionnels prenant en charge des patients atteints du Covid-19 ainsi que pour les patients eux-mêmes et des masques chirurgicaux pour l'ensemble des professionnels, patients et visiteurs. « Point crucial » pour un retour à la normale, les hôpitaux veulent aussi de la visibilité sur les approvisionnements en médicaments et en tests.
Car la FHF est claire, il est impératif de sécuriser des circuits différenciés pour les patients contaminés. À cette fin, elle préconise le dépistage systématique de l'ensemble des professionnels et des patients venant à l'hôpital ou déjà hospitalisés. Une solution jugée « compatible » avec l'objectif de 500 000 à 700 000 tests par mois fixé par le gouvernement. La FHF préconise en outre la prise en charge du test PCR à 100 % par l'assurance-maladie, sans avance de frais.
Quand un test se révèle positif, la fédération juge « impératif » de mettre en place des « cellules de traçage des cas pour endiguer la propagation de l'épidémie » tout en dressant « une liste consolidée par territoire et au niveau national » des personnes malades hospitalisées ou suivies en ville.
Entre 600 et 900 millions d'euros de surcoût
Pour permettre une reprise de l'activité de court séjour, il est aussi recommandé de faciliter l'aval des prises en charge, notamment en donnant les moyens aux soins de suite et réadaptation (SSR) « d'absorber les patients Covid et les patients souffrant d'autres pathologies et en provenance de services ayant repris une partie de leur activité ». La fédération insiste aussi sur la nécessaire sécurisation des EHPAD et des établissements sociaux.
En outre, il faudra garder un œil sur la gestion des ressources humaines afin de faciliter l'arrivée de renforts en cas de nouvelle vague tout en permettant aux soignants des régions les plus touchées de prendre des vacances.
Une fois ces conditions réunies, la FHF n'envisage une reprise d'activité qu'après décision « collégiale entre les établissements du territoire en ciblant les activités prioritaires, en fonction d'objectifs de santé publique ». En cas de tensions, il serait du ressort de l'agence régionale de santé (ARS) de réguler la reprise d'activité. La FHF réclame enfin des « garanties financières » pour amortir les surcoûts engendrés à ce stade et estimés entre 600 et 900 millions d'euros.
« Cette garantie, elle est nécessaire de manière à ce que la prise en charge, qui doit s'installer dans le temps, ne soit pas perturbée par des considérations budgétaires », a déclaré Frédéric Valletoux qui appelle à ne pas relâcher la pression après le 11 mai.
Le ministère de la Santé a indiqué la semaine dernière que le budget des hôpitaux et cliniques serait complété par « une première enveloppe exceptionnelle d'urgence » de 377 millions d'euros pour régler « les dépenses spécifiques » à l'épidémie de Covid-19. Ces crédits s'ajoutent aux 84,4 milliards d'euros de dépenses hospitalières votées pour 2020.
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