La situation à l’hôpital public « n’a jamais été aussi grave », alertent à leur tour trois syndicats de PH (INPH, Snam-HP et CMH) représentatifs qui viennent d’annoncer une journée de grève et d’action nationale le 4 juillet. Selon ces trois organisations, les médecins « démissionnent de plus en plus », tandis que les jeunes confrères « ne veulent plus s’engager dans une profession devenue aussi peu attractive ».
Sans surprise, les trois syndicats réclament « la reprise immédiate des négociations » avec le ministère de la Santé qui a reporté sine die deux réunions de concertation, mi-mai. Des concertations qui étaient censées déboucher sur des mesures d’attractivité pour les PH et les hospitalo-universitaires (HU).
Inflation
Aujourd'hui, l’INPH, le Snam-HP et la CMH exigent une augmentation générale de l’ensemble des rémunérations « pour tenir compte de l’inflation ». Ils insistent aussi sur la prise en compte de la 5e plage (de présence) « pour valoriser la continuité des soins », ainsi qu’une revalorisation immédiate de la permanence des soins – « gardes et astreintes incluses ».
Contacté ce lundi par « Le Quotidien », le Pr Sadek Beloucif, président du Snam-HP, pointe aussi la chute de l'attractivité des carrières hospitalo-universitaires. « Pour la première depuis les ordonnances Debré de 1958, tous les postes de chefs de clinique des universités-assistants des hôpitaux ne sont pas pourvus. Cela montre bien la désaffection actuelle pour les carrières HU », déplore le chef du service d’anesthésie-réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny (AP-HP). « Près de 15 % des postes de chefs de clinique ne sont pas pourvus en France. Or, ils sont le vivier des HU de demain », met en garde le Pr Beloucif.
Postes vacants
Autre inquiétude, les jeunes médecins semblent de moins en moins attirés par l’hôpital public, alerte le médecin, à l'instar de ses confrères. « Il y a cinq ans, il manquait des postes en anesthésie-réanimation, radiologie et obstétrique. On pouvait aller jusqu’à 20 % de postes vacants dans ces spécialités. » Cinq ans plus tard, toutes les disciplines seraient touchées, notamment « la chirurgie, la gériatrie ou la psychiatrie », poursuit l’anesthésiste-réanimateur. Le différentiel de salaire entre les médecins du public et du privé est passé de « 1 à 2 » dans les années 90, « 1 à 4 » aujourd’hui, avance-t-il.
Président de CMH, le Dr Norbert Skurnik confirme que les jeunes médecins boudent l’hôpital public. « Dans certains services hospitaliers, très attractifs sur le papier, on n’arrive pas à recruter ». Au GHU Paris psychiatrie&neurosciences à Paris, « il n’y a qu’un seul PH dans certains services, alors qu’il y a 6 à 7 postes vacants », raconte le pédopsychiatre.
La Dr Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens d'exercice Hospitalier (INPH), ajoute à ces difficultés de statut et de rémunération le poids des drames récents. L'agression mortelle de l’infirmière au CHU de Reims illustre ainsi à ses yeux les « difficultés de l’hôpital public, les problèmes d’organisation des soins liés aux pénuries de personnel et aux fermetures de lits ». « On ne peut pas se contenter de mettre en place des mesures ponctuelles pour assurer la sécurité des soignants, cela ne réglera pas les problèmes de l’hôpital et de la psychiatrie », juge la psychiatre nantaise qui exige « un signal fort avant l’été ».
La semaine dernière déjà, l'intersyndicale Action praticiens hôpital (APH, qui réunit Avenir hospitalier et la CPH) avait déposé de son côté un préavis de grève des soins urgents et non urgents pour « le 3 juillet », dans l'attente d’une reprise immédiate des discussions sur la revalorisation de la permanence des soins et les « corrections de la grille salariale maltraitée lors du Ségur ».
Avec ce double mouvement de grève des médecins hospitaliers, c'est donc un début d'été à hauts risques qui semble se profiler.
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne