À peine installée, déjà sous très forte pression des hospitaliers. La nomination de Brigitte Bourguignon au ministère de la Santé et de la Prévention arrive « dans un contexte de crise jamais vu à l’hôpital public » à cause du « manque criant de soignants médicaux et non médicaux », alerte la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), précisant que « toutes les spécialités médicales » sont concernées.
Face aux départs « massifs » de praticiens « fatigués et surtout déçus par le Ségur de la santé », le syndicat du Dr Carole Poupon réclame des mesures d’urgence pour restaurer l’attractivité hospitalière. Et de mettre en avant la nécessaire revalorisation de la permanence des soins, la prise en compte de la pénibilité et du temps de travail, l'accession des PH nommés avant octobre 2020 à la même grille d’ancienneté (et donc salariale) que les médecins nouvellement nommés (donc la récupération des quatre ans d'ancienneté) et la réforme de la gouvernance hospitalière.
Plan Marshall
Des revendications immédiates également portées par le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (Snphare) qui appelle de ses vœux un « plan Marshall » pour les urgences et l'hôpital. « Cela fait trois ans que nous faisons les mêmes propositions, mais il ne se passe rien », se désole la Dr Emmanuelle Durand, présidente du Snphare, interrogée par « Le Quotidien ». Le syndicat rappelle que 120 services d’urgences (sur 600) sont en détresse et ont « fermé leurs portes, soit complètement, soit partiellement ». Des fermetures qui touchent « aussi bien les CHU que les petites structures ». « Chaque matin, il reste entre 10 à 70 patients dans les couloirs de chaque SAU », alerte le syndicat.
Cette crise « majeure sans précédent, structurelle et profonde » touche tous les hôpitaux mais également la médecine de ville, complète le syndicat. « Et quand les urgences ferment, c’est la médecine de ville qui doit prendre en charge les patients. Les généralistes sont aujourd’hui en panique », avance la Dr Durand. C'est pourquoi le Snphare plaide pour une concertation avec les médecins libéraux afin de mettre en place des « mesures en amont et en aval des urgences », engageant tous les acteurs. Hors de question toutefois d'imposer aux confrères libéraux des mesures coercitives sur la PDS, analyse la Dr Durand, qui milite pour un dialogue « constructif ».
« Au bord de la crise de nerfs »
Présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), la Dr Rachel Bocher réclame de son côté l’ouverture avant l’été d’« états généraux de la santé et de la prévention » car les « dossiers brûlants ne manquent pas », les inquiétudes sont « immenses », tandis que les professionnels sont « au bord de la crise de nerfs ». Le syndicat considère que le Ségur a « montré ses limites ». Il réclame de « véritables négociations » sur l'attractivité, les moyens humains et matériels et la mise en place d’une « réelle politique de prévention ». L’INPH attend donc un rendez-vous avec la nouvelle ministre, avant les législatives, afin de « dégager un signal fort à la hauteur du rang des priorités fixées par le président de la République ».
L'intersyndicale Avenir hospitalier (AH) demande elle aussi audience « en urgence » à Brigitte Bourguignon. « Après deux ans d’activité en dents de scie, régulièrement bouleversée par les vagues de Covid successives, le système sanitaire français est au bord de l’implosion, avertit Avenir Hospitalier. S’il existait des thermomètres sociaux dans les hôpitaux publics, il est certain que notre pays serait aussi, comme pour le réchauffement climatique, en train de battre des records de température. »
Pour l'intersyndicale Action Praticiens hôpital (APH, union d'Avenir Hospitalier et de la CPH), « la criticité de la situation hospitalière n'a jamais connu pareille ampleur ». À la veille d'un été très tendu, la centrale du Dr Jean-François Cibien exhorte l'exécutif à prendre à bras-le-corps la question de la permanence des soins médicale à l'hôpital public et pointe aujourd'hui le risque de « cataclysme sanitaire ».
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