L'hôpital public « s'écroule » : dans une tribune publiée ce mercredi par « le Monde », 70 directeurs médicaux de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) appellent à augmenter le budget alloué à la santé et à revaloriser les salaires des soignants, redoutant un « point de rupture irréversible » pour l'hôpital public.
« Nous ne sommes plus en mesure d'assurer nos missions dans de bonnes conditions de qualité et de sécurité des soins », s'alarme, à la veille d'une grande journée de mobilisation pour « sauver l'hôpital public », ce collectif de directeurs médicaux (chirurgiens, neurologues, urgentistes, rhumatologues, médecins de santé publique, etc.) à la tête des départements médico-universitaires (DMU) créés à l'AP-HP.
Faute de personnel, « des centaines de lits d'hospitalisation de médecine et de chirurgie » et « des dizaines de salles d'opération » sont fermés, « chaque semaine des unités de soin ferment », poursuivent les auteurs de la tribune. Conséquence, les délais de prise en charge « s'allongent » et ne sont plus « raisonnables » pour les « soins urgents », obligeant les patients à « se tourner » vers le privé. « Trop peu de recrutements de soignants sont en vue pour espérer un retour à la normale », estiment les directeurs médicaux.
Rehausser l'ONDAM
Aux « centaines de postes » budgétisés mais non pourvus s'ajoute la fuite, « plus grave encore », d'infirmiers, d'aides-soignants, de kinésithérapeutes... qui entraîne « une surcharge de travail » et « un épuisement » des équipes restantes.
En cause, notamment, la « non-revalorisation salariale » des soignants depuis plusieurs années et des rémunérations « particulièrement » inadaptées au coût des loyers et de la vie (notamment en région parisienne). De même, « la fuite des médecins des hôpitaux universitaires met en péril la formation de toute la profession » et « le niveau de la santé en France », s'inquiètent les signataires.
Ces médecins appellent à « réviser à la hausse » l'Objectif national de dépenses d'assurance-maladie (ONDAM, en cours d'arbitrage entre Ségur et Bercy), à « revaloriser le salaire des personnels paramédicaux, infirmiers en premier lieu, et des médecins » ou encore à faciliter l'accès aux logements « à proximité » des hôpitaux. Plus largement, ils plaident en faveur d'« une refonte complète » du mode de financement et de la place de l'hôpital public dans le système de santé.
Désarroi
Ce mercredi soir enfin, l'Ordre a pris position sur la crise de l'hôpital public en réclamant pour la première fois au gouvernement « une réponse à la hauteur des enjeux et un investissement important » pour remédier au « désarroi » des médecins et autres soignants. L'institution ordinale salue au passage l'engagement quotidien des praticiens qui portent l'hôpital public « à bout de bras » mais souhaite que l'on brise les « frontières trop longtemps hermétiques entre l'hôpital et le monde libéral ».
Agnès Buzyn a promis un « plan de soutien » à l'hôpital courant novembre, et indiqué que des discussions étaient « en cours » sur le niveau de l'ONDAM.
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