Voyager au cœur des blocs de demain : c'est ce qu'ont proposé les élèves directeurs d'hôpital, à l'occasion de leur colloque annuel, à Rennes. « Le Quotidien » a suivi deux ateliers.
Le robot chirurgical remplacera-t-il le chirurgien ?
Des interventions plus précises, une diminution des séquelles et des délais d'hospitalisation : le robot chirurgical gagne du terrain dans les blocs depuis le début des années 2000. Mais jusqu'où ?
Certains résultats sont prometteurs. En 2010, le CHU de Rennes fait l'acquisition du robot américain Da Vinci Si. Deux millions d'euros d'investissement initial puis environ 3 650 euros par intervention : un coût tout à fait justifié selon le Pr Karim Bensalah, chirurgien et chef du service d'urologie au CHU de Rennes, à l'origine d'une étude comparée sur 1 800 néphrectomies partielles. « En comparaison avec une chirurgie ouverte, la chirurgie robotique réduit de moitié les risques de complications et fait passer la durée moyenne de séjour de 10 à 4,7 jours », précise-t-il. Citant une autre étude, Laurent Bourgeois, ingénieur biomédical au CHU de Rennes, avance le chiffre de 35 % de réduction de la durée moyenne de séjour du patient opéré.
Ce dernier enjeu est central car la chirurgie robotique est un support à l'ambulatoire. En France, cette pratique est majoritairement utilisée en urologie. Elle permet au Pr Bensalah de pratiquer trois opérations par jour – quand il n'intervenait qu'une fois auparavant. Tout aussi enthousiaste, Antoine Pograjec, infirmier de bloc opératoire, également au CHU de Rennes, alerte néanmoins sur le risque de perte de compétence des praticiens – médecins comme paramédicaux. « Il faut privilégier la polyvalence à l'expertise et continuer à pratiquer la chirurgie ouverte. »
Avec 105 robots chirurgicaux, la France demeure le premier pays d'Europe à investir dans cette technologie. Elle reste très loin derrière les États-Unis qui concentrent les deux tiers des systèmes vendus. Un retard qui s'explique par « le manque d'études sérieuses prouvant l'efficacité du système », affirme le Pr Bensalah. « Pour signer un chèque de ce montant, l'administration hospitalière a besoin de garanties. Avec une étude, on pourra leur prouver que ce système rapporte. »
Il insiste également sur l'importance de l'évaluation par les médecins eux-mêmes pour sensibiliser et susciter l'intérêt de leurs pairs. Mais l'horizon s'éclaircit puisque l'arrivée de robots concurrents sur le marché est annonciatrice d'une baisse des coûts.
« Allongé je suis un malade, debout je suis un patient » : la RAAC marque des points
Initiée au Danemark dans les années 1990, la récupération améliorée après chirurgie (RAAC) se développe doucement en France. Jocelyn Dutil, directeur adjoint au CHU de Saint-Étienne, est pourtant formel : « La RAAC est une extension de la démarche ambulatoire. » Grâce à l'accompagnement pré et postopératoire, cette approche intégrée de prise en charge globale pourrait réduire de moitié la durée moyenne de séjour des patients hospitalisés pour des interventions lourdes. Mais plusieurs obstacles existent, autant d’enjeux à relever pour les équipes médicales. « Beaucoup de patients restent méfiants quant à ce protocole alors que leur participation est indispensable », explique le Pr Claude Ecoffey, chef du service d’anesthésie au CHU de Rennes.
L’objectif des établissements qui misent sur la RAAC est de faire du patient un acteur actif de sa propre guérison en réduisant au maximum le temps allongé sur le lit d’hôpital. La communication est primordiale. « Allongé je suis un malade, debout je suis un patient », peut-on lire sur les brochures ad hoc des hôpitaux de la région lyonnaise.
La mise en place d'une RAAC réclame des investissements conséquents car, pour suivre le patient tout au long de son parcours clinique, les établissements sont souvent contraints de procéder à une réorganisation du personnel voire à des travaux architecturaux coûteux. Pour voir la RAAC entrer dans les murs et dans les mœurs, les établissements devront mettre la main à la poche.
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