Un ex-maire devenu Premier ministre, un dossier sensible (celui du transfert du CHU de Nantes) en attente d’arbitrage au plus haut niveau de l’État, des échéances électorales… Il n’en faut pas plus pour relancer le débat sur l’opportunité de ce projet d’envergure. Un nouveau « Notre-Dame-des-Landes » ? Un débat public avait lieu jeudi soir à Nantes.
Pour relancer la polémique sur un projet aussi vaste que celui du regroupement de deux des trois gros sites que compte le CHU (l’hôpital Laënnec et Hotel-Dieu) sur un lieu unique situé sur l’île de Nantes, au cœur de la ville, rien de plus efficace que de répéter qu’il n’y pas eu de débat public sur la question...
« Comme beaucoup de citoyens, nous avons le sentiment qu’il manque un vrai débat sur l’avenir du CHU dans l’agglomération, c’est pourquoi nous avons pris l’initiative de l’organiser », a souligné jeudi soir David Leborgne, président de Enviro’Nantes, « association transpolitique et non apolitique », en préambule du débat qui se tenait à la Maison des syndicats.
Transparence
Une question polarise les attentions : y a-t-il une réelle transparence sur le projet ? « Contrairement à ce que nous dit Christiane Coudrier (directrice générale du CHU), nous n’avons jamais eu de traces des études qui auraient été menées sur les autres scénarios », a attaqué Laurence Garnier, au nom du groupe UMP au conseil municipal de Nantes. Avant de poursuivre : « la véritable raison de la solution retenue est l’échec de l’aménagement urbain de l’île de Nantes et la nécessité de compenser l’absence de constructions par l’implantation du CHU ». La section CGT du CHU a déploré l’absence de communication de ces études.
D’autres intervenants, favorables au regroupement, ont pointé les zones de flou. « Le projet est bâti sur la diminution du nombre de lits, ce qui nous inquiète beaucoup, a expliqué le représentant de la CFDT. Même si le développement des soins ambulatoires est demandé par les usagers, cela représentera un fort changement dans notre exercice professionnel. Comment le personnel va être accompagné ? »
Coûts induits
Le groupe nantais d’Europe Écologie - Les Verts (EELV), représenté par l’adjointe au maire de Nantes en charge de la santé, se dit favorable au projet avec des « points de vigilance » concernant les questions d’accessibilité et de parking.
De nombreuses questions restent en suspend. Le rapporteur général du conseil de développement de l’agglomération nantaise, le géographe Jean Renard, a sonné la charge la plus virulente en regrettant que ce projet souffre d’un manque de stratégie à l’échelle de l’agglomération. Pour cet universitaire, « ce lieu d’implantation, qui pose de nombreuses questions pratiques, est le résultat surtout d’un arbitrage entre les conflits d’intérêt de différentes communes. L’étalement urbain est désormais la norme (1). Alors, pourquoi construire en centre-ville ? Ce choix va engendrer des coûts induits non chiffrés. Un effet domino qui fait penser au projet de transfert de l’aéroport vers Notre-Dame-des-Landes. »
(1) 75 % de la patientèle du CHU vient de l’extérieur du centre de Nantes.
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