En 2020, en plein cœur de la crise sanitaire, la baisse du nombre de séjours d’hospitalisation complète a été bien plus marquée que les années précédentes, selon une étude de la Drees (service des statistiques du ministère de la Santé) dévoilée le 26 juillet. Au total, 10,3 millions de séjours ont été enregistrés en 2020, soit un repli de 12,4 %, contre -0,5 % par an en moyenne sur la période 2013-2019.
Ce recul sans précédent s’explique par les mesures mises en place pour faire face à l’afflux de patients Covid : déprogrammations, personnels réaffectés à la prise en charge de l’épidémie, peur d’être contaminé ou de contribuer à la saturation des hôpitaux…
Une baisse d’activité « contrastée », puisqu’elle a été « plus marquée pour les opérations sous anesthésie dont une partie est reportable, alors qu’il n’y a pas eu de baisse pour la dialyse qui correspond à une urgence vitale », analyse Noémie Courtejoie, adjointe au chef du bureau « établissements de santé » de la Drees.
Retard des détections de cancer
En MCO, les déprogrammations massives ont particulièrement touché la chirurgie orthopédique et la chirurgie ophtalmologique, dont l’activité a respectivement chuté de 20,1 % et de 24,1 % par rapport à 2019. Mais c’est la baisse des dépistages de cancer (endoscopie, fibroscopie, etc.) qui est particulièrement « inquiétante », car elle a « induit un retard des détections de cancer », précise Noémie Courtejoie. Et d’ajouter que les prises en charge pour AVC ou infarctus du myocarde ont « étrangement » aussi diminué en 2020.
Quant au nombre de passages aux urgences, il a également reculé de 17,3 % en 2020. Une baisse historique, en rupture avec la croissance continue observée depuis 1996. En cause : la diminution importante des accidents de la route, des activités sportives et de loisirs pendant les périodes de confinement.
En progression régulière depuis vingt ans, la croissance de l’hospitalisation partielle (sans nuitée) a aussi été freinée par la pandémie (-23,5 % en 2020). En revanche, le développement de l’hospitalisation à domicile s’est poursuivi à un rythme plus soutenu durant la crise sanitaire. Le nombre de séjours à la maison a grimpé de 15,8 % en 2020, après une hausse de 4,6 % par an en moyenne de 2013 à 2019. En raison des déprogrammations et du risque de contagion, « de nombreux patients ont été pris en charge à domicile plutôt qu’en hospitalisation conventionnelle », confirme la Drees.
Le Covid a représenté un quart des séjours en réanimation
Quant au nombre de patients Covid-19 hospitalisés en 2020 (303 000 au total), il a représenté à peine 2,6 % de l’ensemble des 11,6 millions patients hospitalisés dans l’année. Par ailleurs, le Covid a représenté, sur la même année, 6 % des séjours en hospitalisation complète (contre respectivement 16 % et 14 % durant les premières et deuxièmes vagues), notamment parce que les patients Covid sont hospitalisés plus longtemps, indique la Drees.
Plus surprenant : la prise en charge des patients Covid a représenté un quart de l’ensemble des journées d’hospitalisation en réanimation en 2020, et s’est élevée jusqu’à 66 % en avril 2020. Conséquence : le nombre de lits de soins critiques a progressé de 3,6 % entre fin 2019 et fin 2020, soit trois fois plus que la tendance des années précédentes.
Dans le même temps, la baisse régulière du nombre de lits d'hospitalisation complète est particulièrement marquée en 2020 (-1,2 %, soit une baisse de 4 900 lits), contre une chute de 0,9 % par an (3 400 lits par an) en moyenne entre 2013 et 2019. En cause, la transformation de nombreuses chambres doubles en chambre simple, mais aussi, bien sûr, la réaffectation du personnel dans les unités Covid.
Hausse des effectifs
Si la tendance était également à la baisse pour les effectifs salariés hospitaliers depuis 2010, ils connaissent rebond en 2020 (+1,9 % dans les hôpitaux publics, soit +20 100 salariés). Cette augmentation a concerné en premier lieu le personnel médical (+2,3 %), mais aussi les paramédicaux et le personnel non soignant.
Quant aux dépenses de soin, elles ont augmenté de 3,7 % tous secteurs confondus, contre 2,1 % en 2019, et plus particulièrement dans le secteur public (5,6 %). Les deux tiers de cette hausse sont liés aux dépenses de personnel, en raison d’une hausse des effectifs, des revalorisations du Ségur, mais aussi « de mesures exceptionnelles comme la prime Covid ou la majoration des heures supplémentaires », a conclu Noémie Courtejoie.
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