Parce que l’état d’esprit dans lequel sont les proches quand ils viennent au chevet d’un patient peut être déterminant dans le processus de guérison, Nishila Metha et al. (1) ont cherché à identifier quels services, ressources et commodités pourraient rendre ce moment moins anxiogène, plus fonctionnel et facilitant pour les personnes qui visitent une personne en réanimation. C’est à l’occasion de l’épidémie de Covid en 2019 que les conditions de visite des familles auprès des patients en réanimation ont été mises en avant en raison de la douleur morale rapportée à bon nombre d’équipes de soignants (2).
Bon nombre de ces améliorations sont simples et peu coûteuses, mais elles peuvent améliorer considérablement le confort et l’expérience des visiteurs et visiteuses
Les auteurs canadiens ont mené une étude transversale incluant des visiteurs et visiteuses dans quatre unités de soins intensifs pour adultes (135 lits au total pour 4 905 admissions annuelles). Un questionnaire détaillant 58 items a été distribué aux proches (cinq à dix minutes de temps de remplissage). Le questionnaire était divisé en trois grandes parties : l’environnement hospitalier (parking, signalétique, accès à un interprète, possibilité de préparer des repas, ou d’acheter de la nourriture, de se doucher, de faire garder les enfants…), l’expérience dans la salle d’attente (mobilier, couleurs des murs, point d’eau, accès à des lectures religieuses, casiers pour laisser les affaires, accès H24, accès à plusieurs personnes en même temps, éclairage, wifi, chargeurs, zone de silence…), enfin, le ressenti sur la chambre du patient (possibilité de dormir dans la chambre avec son proche, chaise à côté du lit, rideaux, silence, moyens de communication avec les soignants…). Dans la partie démographie, les origines ethniques des familles et patients étaient particulièrement détaillées.
Parking, signalétique, horaires de visite, parmi les éléments les plus importants
224 réponses ont été analysées (60 % de femmes, de 14 à 87 ans). Les répondants étaient principalement les enfants (41 %) ou conjoint/partenaire (23 %) de patients adultes hospitalisés en soins intensifs. Près de la moitié (51 %) vivait à plus de 30 km de l’hôpital, et 30 % ont passé au moins une nuit dans la salle d’attente de l’unité de soins intensifs, avec une médiane de deux nuits (de 1 à 20) passées à l’hôpital. Dans l’environnement hospitalier, quatre items jugés « extrêmement importants » ou « très importants » : la signalétique directionnelle (82 %), le stationnement facile (80 %) et à prix réduit (80 %) et des aliments sains et abordables financièrement (78 %). En ce qui concerne les salles d’attente des unités de soins intensifs, les heures de visite 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 (92 %), des toilettes pratiques (87 %), un distributeur d’eau (83 %) et le Wi-Fi (80 %) étaient considérés comme des priorités. Les caractéristiques les plus importantes des chambres des patients aux soins intensifs comprenaient les possibilités de s’asseoir pour les visiteurs et visiteuses (92 %), l’accès à la lumière naturelle (78 %) et l’accès à l’air frais (74 %). Pour les auteurs, bon nombre de ces améliorations sont simples et peu coûteuses, mais elles peuvent améliorer considérablement le confort et l’expérience des visiteurs et visiteuses.
Accueillir, informer et améliorer la fonctionnalité
Qu’en est-il en France pour l’accueil des familles des patients hospitalisés en soins intensifs ? Des recommandations ont été proposées en 2012 par plusieurs sociétés savantes de réanimation (3) et n’ont pas été actualisées depuis. En 2022 – et en prenant en compte les bouleversements de l’épidémie Covid-19 et l’accès généralisé au Wi-Fi – un mémoire de recherche Design, Innovation et Société présenté par Julie Calmettes (4) s’est penché sur l’attente et l’accueil des familles. Parmi les pistes développées, un mini-livret d’accueil (format carte de visite avec les numéros essentiels) associé à des panneaux affichés qui servent de support aux psychologues chargés de présenter le service afin que les proches ne soient ni surpris (préparation à l’entrée en chambre et présentation du fonctionnement du service) ni décontenancés (en abordant par exemple la question du bruit et des odeurs). Les soignants ont néanmoins mis en avant que l’implication des familles peut se retourner contre eux, car ils sous-estiment la portée traumatique de leur vécu : il faut donc s’assurer que la famille n’oublie pas de prendre soin d’elle-même et proposer des fonctionnalités en ce sens (salle de repos, accès à une douche…). L’actualisation des recommandations françaises devrait être envisagée dans les prochaines années afin de s’adapter aux évolutions sociétales depuis les dix dernières années.
(1) Mehta N., Tsang J., Duan E. et al. Important features of hospitals, intensive care unit waiting rooms, and patient care rooms: perspectives of intensive care unit visitors. Can J Anaesth. 2024 Nov 19.
(2) Kynoch K., Coyer F., Mitchell M. et coll. The intensive care unit visiting study: A multisite survey of visitors. Aust Crit Care. 2021 Nov;34(6):587-93.
(3) Fourrier F., Boiteau R., Charbonneau P. et al. Structures et organisation des unités de réanimation : 300 recommandations. Réanimation 2012;21 (Suppl 3):523-39.
(4) Calmettes J. Le care partagé en réanimation : (sur)vivre à plusieurs. Thèse 2022.
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