Augmentation générale en vue pour les 5,7 millions d'agents publics : à un mois de la présidentielle, le gouvernement a annoncé en début de semaine le dégel du point d'indice « avant l'été », mesure réclamée de longue date par les syndicats après un blocage quasi-continu depuis 2010. « La décision est prise aujourd’hui, nous allons lancer les discussions avec toutes les parties prenantes afin de permettre qu’elle soit effective (..) avant l’été », a assuré la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, dans un entretien au journal « Le Parisien ». Les négociations avec les employeurs publics commenceront dans les prochains jours. Si le dégel du point d'indice se confirme, il sera inscrit dans une loi de finances rectificative.
Changement de cap
Ce dégel surprise du point d'indice – qui sert à calculer la rémunération des fonctionnaires et détermine également la grille des praticiens hospitaliers – marque une rupture avec la politique salariale menée jusqu'ici par le gouvernement, favorable à des revalorisations ciblées. Les dernières augmentations (minimes) avaient été consenties par François Hollande en juillet 2016 (+0,6 %) et février 2017 (+0,6 %), déjà en fin de mandat. Le président de la République socialiste avait ainsi dégelé la valeur du point en deux temps, pour la porter à 4,68 euros.
Même si l'annonce du dégel indiciaire intervient opportunément un mois avant le premier tour de la présidentielle, c'est la réalité d'une inflation « forte et durable » qui est mise en avant par l'exécutif pour justifier cette augmentation des salaires des fonctionnaires. Selon l'Insee, l'indice des prix à la consommation a bondi de 3,6 % au mois de février sur un an, alimenté par la flambée des prix de l'énergie.
Insuffisant après le Ségur
Tout en accueillant cette nouvelle « plutôt avec satisfaction », le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (Snphare) « regrette que cette mesure intervienne après plus de cinq ans d’abandon et de surdité aux appels à l’aide de l’hôpital et un Ségur raté ». Et de dénoncer les revalorisations « ciblées » (primes, indemnités) qui « n’ont pas amélioré le pouvoir d’achat des soignants et pas participé à l’amélioration de l’attractivité de l’hôpital public ». Bref, pour le syndicat présidé par la Dr Emmanuelle Durand, non seulement ce dégel « arrive bien tard » mais l’augmentation du point d’indice promise « devra être substantielle pour combler une perte de pouvoir d’achat de 30 % en 20 ans. » Le Snphare ne cesse de souligner que le Ségur de la santé a laissé de côté les plus gros contingents de PH, privés de revalorisation générale « au prétexte qu’ils avaient été nommés avant 2020 » (les nouveaux praticiens bénéficiant, eux, de la suppression des trois premiers échelons de la grille en début de carrière). C'est pourquoi le syndicat réclame à nouveau l’octroi des quatre ans d’ancienneté, la revalorisation de la permanence des soins et la majoration du temps de travail additionnel au même titre que toutes les heures supplémentaires.
Passif
Pas en reste, l'intersyndicale Action Praticiens hôpital (APH, qui réunit Avenir hospitalier – AH – et la Confédération des praticiens des hôpitaux – CPH) prend acte d'une mesure « nécessaire mais pas suffisante ». Là encore, c'est le passif salarial qui est rappelé. APH épingle ainsi « une promesse de dernière minute quand durant tout une mandature, les services publics – et pas seulement l’hôpital – ont été méprisés, et remerciés, au mieux, de saupoudrage ou de mesurettes insuffisantes et inéquitables. » L'intersyndicale appelle donc de ses vœux une mesure « significative », dès lors que le Ségur a « oublié » la grande majorité des PH. Le dégel du point d’indice, plaide APH, devra « corriger les pertes de salaires proportionnellement à l’inflation depuis au moins 2010 soit 13,2 % ». Un dégel de 1 % représente environ deux milliards d'euros pour les finances publiques.
Pour « protéger le pouvoir d'achat des fonctionnaires » et contractuels, le gouvernement a par ailleurs choisi de relever de 10 % l'indemnité kilométrique perçue par les agents qui utilisent leur véhicule personnel dans le cadre de leurs fonctions.
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