Les secours héliportés d’urgence privés n’ont plus que 3 mois pour se conformer à la réglementation européenne imposant la présence d’un second membre d’équipage : une obligation « utopique » pour les exploitants, « contraignante » pour les médecins qui préviennent que « 80 kilos de plus, c’est 20 minutes de vol en moins ».
La dérogation obtenue par la France prend fin au 31 décembre. A partir du 1er janvier 2016, certaines missions du SAMU devront être assurées par un équipage de deux personnes, pour des raisons de sécurité.
Ces missions – en conditions météo difficiles ou lorsqu’un patient est récupéré chez lui ou sur le lieu de l’accident – représentent le tiers des 20 000 à 25 000 interventions annuelles du SAMU héliporté.
Niveau de sécurité
En France, contrairement à d’autres pays, les hélicos d’urgence du SAMU ne tournent qu’avec un pilote.
L’Hexagone a, selon le Syndicat national des exploitants d’hélicoptères (SNEH), le niveau de sécurité « le meilleur d’Europe » alors que « des pays qui appliquent déjà cette disposition ont enregistré de nombreux accidents ».
Après avoir dans un premier temps envisagé de confier cette mission d’assistance au personnel médical, qui aide déjà souvent le pilote à contrôler la visibilité, les autorités ont tranché en faveur d’un membre d’équipage distinct. Pilote ou navigant technique ? Au grand dam des syndicats de pilotes, la deuxième solution est désormais prioritairement retenue.
« L’option du deuxième membre d’équipage non pilote est la seule compatible avec le calendrier de mise en conformité », explique à l’AFP la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), en ajoutant néanmoins que « l’exploitation à deux pilotes (sera) aussi possible ».
Diminution de la capacité de transport
Embarquer une personne de plus a des conséquences directes sur la distance des missions, préviennent les professionnels. « Une personne en plus, c’est 80 kg, soit 100 litres de carburant et 20 minutes de vol en moins », explique Nicolas Letellier, président de l’Association française des médecins utilisateurs d’hélicoptères sanitaires hospitaliers (AFHSH).
Forcément, avec les mêmes hélicoptères, « cela va nous pénaliser et limiter la distance des missions et leur enchaînement, nous serons obligés d’en refuser certaines », redoute le médecin. « Quand on voit la situation financière des hôpitaux, cette évolution qui rajoute un salaire et diminue la capacité de transport nous inquiète. On va se retrouver dans une situation difficile », ajoute Nicolas Letellier.
Interrogé, le ministère de la Santé assure que « bien évidemment, tous les patients continueront à être secourus ». « Les modalités d’application de la nouvelle réglementation européenne sont actuellement en train d’être définies avec la Direction générale de l’aviation civile », précise un porte-parole.
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