C'est une autre menace pour la continuité des soins dès aujourd'hui, et dans les prochaines semaines. À l’entrée de la période estivale, le Syndicat des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof, qui représente les praticiens des secteurs public et privé) alerte sur « les risques de fermetures inopinées de maternités et l’insécurité qui en résultera pour les parturientes ».
Ce n'est pas la première fois que le syndicat met en garde sur la fragilisation de l'offre de soins, notamment la « baisse alarmante » des effectifs de gynécologues-obstétriciens, anesthésistes, pédiatres et sages-femmes qui conduisent à la fermeture de maternités. De surcroît, selon le Syngof, « le recours massif à l’intérim » dans ces spécialités de la naissance a « détruit la stabilité, garante de la sécurité d’équipe. Aujourd’hui, aucun jeune praticien ne veut cautionner le danger médical : les postes restent vacants aussi bien en gynécologie-obstétrique qu’en pédiatrie et anesthésie-réanimation », se désole le Syngof. Son président, le Dr Bertrand de Rochambeau, joint ce vendredi par « Le Quotidien », précise à ce sujet que beaucoup de maternités « fonctionnent en mode dégradé », avant une phase de fermeture ponctuelle. « On gère la pénurie et c'est souvent pendant cette période que les accidents surviennent », met-il en garde.
Mal préparée
Plus récemment, la loi Rist sur le plafonnement de la rémunération de l'intérim médical à l'hôpital aurait été « mal préparée » et plusieurs maternités ont déjà « dû suspendre leur activité temporairement ». Au CH de Péronne, la maternité ferme pendant un mois (juin) faute d’anesthésistes en nombre suffisant. À l'hôpital d'Alès, il n'a pas été possible d'accoucher à l'hôpital durant deux jours en raison de l’absence de gynécologues. Et au CH de Bergerac, la maternité a fermé partiellement en avril. « L’été s’annonce catastrophique dans de nombreuses régions », résume le Syngof. Le secteur libéral souffre également. Plus aucun accouchement n’aura lieu à la maternité Vauban, située à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), a révélé « Le Parisien ». Provisoirement fermée par l’ARS, la clinique a fait savoir qu’elle « renonçait définitivement à cette activité ».
Le Syngof pointe aussi le manque d’attractivité des gardes en obstétrique, pédiatrie, anesthésie-réanimation et maïeutique qui conduisent à « la fuite des salles de naissance ». Enfin, les concertations autour de la réforme de l’organisation de la périnatalité – interrompues durant la pandémie – sont toujours en jachère.
En attendant, le Syngof réclame comme d'autres syndicats de PH des mesures d'attractivité immédiates. À l'hôpital public, il dénonce l’absence de reclassement des médecins anciennement nommés (perte de quatre ans d’ancienneté) et demande la valorisation de la permanence de soins. Or, avec un tiers des postes de PH vacants en moyenne, « le rafistolage continue avec création et financement de statuts d’exception » (contrats de « motif 2 ») et de primes, souligne le Syngof, qui s'est associé au mouvement de grève des PH du 3 juillet.
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