L'Association Médecine Pharmacie-Sciences (AMPS) alerte le gouvernement sur la mauvaise répartition du temps de travail des médecins hospitalo-universitaires (HU) qui ne consacrent que trop peu de temps à la recherche.
Interrogés dans une récente enquête* sur leur temps de travail, les HU exercent en moyenne autour de 60 heures par semaine (soins-enseignement-recherche). Dans le détail, ils consacrent environ 20 % de leur temps de travail à la recherche, soit 13 heures hebdomadaires. Deux tiers des répondants en sont insatisfaits et parmi eux 90 % veulent se consacrer davantage à la recherche et 43 % à l'enseignement.
« Nous ne sommes pas surpris de ces résultats, une enquête réalisée il y a 10 ans alertait déjà sur ces débordements. En revanche, l'insatisfaction est beaucoup plus intense », observe Thomas Bienvenu, coauteur de l'étude, chef de clinique en psychiatrie et membre du comité de l'AMPS.
Les HU dénoncent un manque de moyens (15 %) et de ressources humaines (20 %). Les contraintes administratives grignotent aussi le temps recherche et d'enseignement. Un tiers des répondants jugent difficile ou impossible d'exercer la triple mission soins, recherche, enseignement. 14 % déclarent déborder sur leur temps personnel. « Il y a une surcharge administrative, les HU bouchent aussi les trous à l'hôpital », rapporte-t-il.
Augmenter le nombre de postes
L'association propose de réorganiser les missions afin d'éviter la dispersion. Ils souhaitent choisir les missions tout au long de leur carrière. « Je me consacre cinq ans à l'enseignement et aux soins puis cinq ans à la recherche et aux soins », illustre le Dr Thomas Bienvenu.
La création de postes partagés et financés avec les instituts (CNRS/INSERM) sur le modèle du Royaume-Uni est aussi à creuser comme le recrutement d'assistants médico-administratifs et de personnels de recherche clinique. Dernière piste de travail : insuffler une mission recherche tout au long de l'internat pour les jeunes intéressés et ayant réalisé un double cursus médecine-sciences.
*Enquête menée au nom de l'Association Médecine Pharmacie-Sciences (AMPS) auprès de 455 HU (PU-PH et MCU-PH) de quatre facultés (Bordeaux, Caen, Paris Descartes et Strasbourg) entre juillet 2018 et mars 2019 par mail (dont 18 % en spécialités interventionnelles, 37 % en spécialités chirurgicales et 44 % dans les autres spécialités)
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne