SOIXANTE-CINQ pour cent des Français ne savent pas exactement à quoi correspondent les soins palliatifs. Une donnée qui reste constante depuis plusieurs années et qui est révélatrice de la méconnaissance du corps social, mais aussi d’une grande partie du corps médical vis-à-vis de la fin de vie.
Pour le cardiologue et maire d’Antibes Jean Leonetti, promoteur de la loi du 22 avril 2005 relative aux droits des patients en fin de vie qui met notamment l’accent sur le développement des soins palliatifs, l’un des problèmes actuels provient principalement du fait que « l’on voudrait faire de la mort une question qui ne relèverait que des médecins, alors que c’est une affaire qui concerne chacun d’entre nous ».
L’unique solution pour faire avancer les choses est d’accepter qu’il existe « une grande diversité de situations et une grande complexité liée à chacune d’entre elles », explique Jean Leonetti. « Il faut accepter le doute et prendre en compte l’ensemble des regards, explique-t-il. Le regard de ceux qui ont perdu un proche et dont sa mort imprègne leur vision ; le regard des bénévoles, évoluant dans l’espace intermédiaire situé entre l’affectif et l’objectif, et enfin le regard des équipes médicales qui lui-même est le produit d’un croisement des réflexions de chacun. »
Rigidités et ignorance.
Coordinateur d’une Commission chargée par le président de la République de réfléchir sur les modalités d’assistance au décès pour les personnes en fin de vie et dont le rapport a été rendu le 18 décembre 2012, le Pr Didier Sicard estime pour sa part que « les regards croisés ne sont pas toujours convergents ». Il met ainsi en avant l’existence d’une « césure entre la médecine palliative, certainement une des meilleures au monde dans notre pays, et la médecine curative qui a tendance à l’ignorer jusqu’aux quelques instants qui précèdent la mort ». Il pense donc que « la médecine palliative doit être là pour intimider la médecine curative en lui recommandant de déposer les armes, afin qu’il y ait une espérance de vivre sa mort dans un contexte de solidarité nécessaire entre tous les acteurs ».
Un avis partagé par le docteur Vincent Morel, président de la SFAP (Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, pour qui «chacun a des certitudes qui s’appuient sur son expérience personnelle, mais rarement un avis éclairé par la réflexion et les données disponibles sur la question ». Il fait ainsi le vœu que « les progrès en la matière ne soient pas le fruit d’une modification législative, mais d’une multiplication des échanges entre les personnes concernées ».
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