LA RADIOTHÉRAPIE du centre hospitalier de Guéret, unique service de radiothérapie de la Creuse (125 000 habitants), fermera ses portes le 30 juin. Ainsi en a décidé l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) du Limousin fin 2009, considérant que les nouvelles règles édictées par l’Institut national du cancer n’y sont pas respectées.
L’affaire localement fait grand bruit, et la mobilisation s’intensifie pour modifier le scénario. Que Jean Auclair, député UMP de la Creuse, ait protesté en ayant campé une nuit au ministère de la Santé, ne semble pas avoir ému avenue de Ségur. Le second député du département, Michel Vergnier, se trouve être le maire (PS) de Guéret, et donc le président du conseil d’administration de l’hôpital. Comme Jean Auclair, il ne décolère pas. « Cette décision, c’est le syndrome d’Épinal, fustige Michel Vergnier. On est dans le principe de précaution abusif. Il n’y a jamais eu de problème de qualité ni de sécurité des soins à Guéret. »
Pour l’INCA, un service de radiothérapie doit traiter au minimum 600 patients, et disposer de deux accélérateurs. En dessous de ce seuil, c’est la fermeture. L’hôpital de Guéret ne remplit aucun de ces critères, mais il a bénéficié jusqu’à présent d’une dérogation. Son accélérateur, unique, est rutilant : achetée il y a trois ans, la machine a coûté 3 millions d’euros.
À la demande du ministère de la Santé en janvier dernier, les acteurs de terrain se sont mis autour de la table pour proposer un projet alternatif à la fermeture. En l’occurrence un partenariat public-privé avec la clinique de Montluçon, distante de 70 km. Jeudi dernier, nouvelle réunion au ministère de la Santé, en présence des deux députés de la Creuse, du CHU de Limoges, du CH de Guéret, de la clinique de Guéret et de celle de Montluçon, toutes deux membres du groupe Vitalia. Le projet est présenté à Annie Podeur, la directrice générale de l’offre de soins. « On nous a répondu que c’est impossible car cela n’est pas prévu par le SROS. En clair, on s’est fait promener », tonne Michel Vergnier.
Le député-maire s’inquiète des conséquences à venir. « Les patients vont devoir faire trois heures de route aller-retour pour un quart de traitement, pendant des semaines, alors qu’ils ont un cancer. Et la chirurgie du cancer risque de disparaître sur Guéret ». L’hôpital et la clinique craignent de perdre en attractivité.
Contacté par « le Quotidien », le directeur de l’hôpital de Guéret, Norbert Vidal, se refuse à commenter le fond de l’affaire. Il indique toutefois que la fermeture de la radiothérapie entraînerait un surcoût annuel de 1,5 million d’euros pour le transport des patients jusqu’à Limoges. Il précise également que le service de radiothérapie de son établissement est, peu ou prou, à l’équilibre financier, et sans problème de démographie médicale.
Michel Vergnier, le député-maire de Guéret, promet de ne pas en rester là. Il a saisi un avocat, qui a déniché une faille dans le dossier. « Il fallait inscrire la circulaire modifiant les règles en radiothérapie au sein du SROS, or cela n’a pas été fait », explique ainsi le parlementaire, qui va déposer un recours au tribunal administratif. À sa connaissance, cinq autres services de radiothérapie seraient sur la sellette en France pour les mêmes raisons. « Si on gagne au tribunal, dit-il, ce sera peut-être trop tard pour Guéret, mais cela pourra peut-être éviter d’autres fermetures ».
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