Dans un contexte de regain de violence envers les médecins (1 244 déclarations d'incidents en 2022, selon l'observatoire de l'Ordre), Samu-Urgences de France (SUdF) refuse de passer « sous silence » les actes d'incivilités et la brutalité que peuvent subir les urgentistes au travail, selon les termes employés par le syndicat dans un communiqué. Dernier cas en date : l’agression des équipes du Smur de Moissac et des pompiers du Sdis 82, lors d’une intervention à Valence d'Agen (Tarn-et-Garonne), dans la nuit du 29 au 30 octobre.
Appelés pour détresse respiratoire, trois pompiers et une médecin du Smur sont intervenus pour prendre en charge la victime. C’est lors de son transfert en ambulance que l'homme, alcoolisé, a eu une crise de violence. « Il a brisé la vitre du véhicule, arraché le rétroviseur et s'en est pris physiquement à l'équipage venu le secourir : les pompiers ont été visés par des coups de pied tandis que l'urgentiste a été sévèrement mordue à la cuisse », rapporte France Bleu Occitanie qui précise que l'homme a été placé en garde à vue. Quant au Sdis 82, il a porté plainte de manière collective, tandis que les trois pompiers l'ont fait de manière individuelle.
Déposer systématiquement une plainte
Pour SUdF, les violences envers les professionnels portant secours à des tiers sont « inacceptables » et doivent faire « systématiquement » l'objet de poursuites. Le syndicat demande donc au ministre de la Santé de mettre en place un dispositif pour permettre aux directions hospitalières de déposer systématiquement une plainte « pour tous les actes malveillants que subissent les personnels de structures d’urgence en lieu et place de leurs agents ». Des plaintes qui devraient pouvoir être réalisées sous X pour protéger l'anonymat des soignants et les praticiens victimes de telles incivilités.
Enfin, SUdF tient à souligner que les personnels des urgences « ne sont en rien responsables de la déliquescence de l’offre de soin sur le territoire national ». Bien au contraire, ils sont les « derniers remparts permettant encore de garantir un accès aux soins à tous ». Raison de plus pour être protégés « par le civisme de nos concitoyens mais également par le respect des engagements de nos politiques ».
Un plan pour la sécurité des soignants
Agnès Firmin Le Bodo, ministre chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, a présenté fin septembre un plan pour la sécurité des soignants. Nourri par les propositions du rapport du Dr Jean-Christophe Masseron et de Nathalie Nion, il décline 42 mesures.
Plusieurs dispositions concernent la médecine de ville. Sur le même principe que le régime de protection pénale des agents du service public, le plan crée un « délit d'outrage » spécifique qui concerne tous les professionnels de santé libéraux. Est également prévu le financement de dispositifs d'alerte (par exemple un bouton d'alarme connecté sur un bracelet, NDLR) pour les soignants libéraux « les plus exposés », ceux exerçant de façon isolée ou réalisant des consultations à domicile.
Du côté des hôpitaux, les directeurs d'établissement de santé pourront déposer plainte à la place de la victime – avec leur accord – en cas de menaces ou de violences à l'encontre de leurs agents. Une manière de soutenir les personnels et même d'« atténuer la crainte de représailles », relève le ministère.
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