UN TYPHON AUX PHILIPPINES simulé à Fontenay-Sous-Bois (Val de Marne) dans la froideur d’un mois de décembre. Il fallait un peu d’imagination à la cinquantaine de professionnels de santé réservistes de l’EPRUS pour se plonger dans l’ambiance. Rassemblés pour la seconde année consécutive dans l’enceinte militaire du fort de Nogent, ces professionnels - médecins, infirmiers, pharmaciens - auront sans nul doute donné de leur personne. Vêtus de leur combinaison bleue marine et blanc caractéristique, les réservistes participants ont enchaîné les exercices dans les conditions du réel : « on simule le fait qu’ils ont fait un long voyage en avion. Ils arrivent sur le site. On leur donne des éléments de cartographie pour qu’ils décident de leur site en terme d’hébergement de vie et d’organisation pour les soins médicaux », explique au « Quotidien » le Dr Catherine Bertrand, praticien hospitalier, spécialiste en anesthésie réanimation et médecine d’urgence SAMU 94. Cette responsable pédagogique du CESU 94 a élaboré le scénario de l’exercice de terrain dans ses moindres détails. « Les réservistes viennent de milieux professionnels différents. Certains ont déjà fait des missions extérieures, d’autres pas. On essaie d’avoir un même dénominateur commun pour qu’ils puissent avoir des notions de base partagées, et notamment beaucoup de notions de logistique », résume le Dr Bertrand. Durant l’exercice, les réservistes doivent entre autres organiser leurs groupes, trouver leurs leaders, élaborer leur système de sécurité. Le programme est chargé : montage des tentes du poste médical avancé, puis suivi de différents ateliers thématiques (tri des patients selon les normes internationales, notions de dispensaire, cellules psychologiques, utilisation de téléphones par satellite, initiation aux risques émergents…) « On les a fait travailler sur des aspects qui sont plus le propre de notre métier, c’est-à-dire la médicalisation mais dans des situations particulières, avec des moyens matériels contraints qu’ils doivent aussi très bien connaître », ajoute le Dr Bertrand. Les nerfs des réservistes sont aussi mis à dure épreuve : après une courte nuit passée dans leur tente, ils sont un matin brusquement réveillés dès quatre heures par un feu (simulé) au cœur du poste médical avancé. Au cours de l’incident, un réserviste « pète les plombs » en jouant une scène de burn out.
8 000 réservistes.
« On voulait voir comment ses collègues allaient essayer de gérer cette situation. On a aussi fait en sorte qu’une personne participante disparaisse à un moment donné pour voir s’ils s’en apercevaient tout de suite. Tout ceci donne un peu d’animation à l’exercice », résume le Dr Bertrand. « L’intérêt de ce type de rassemblement est au moins double. Le premier c’est de permettre à nos réservistes de s’entraîner dans des conditions aussi proches que possibles de la réalité à des formations de type médecine de catastrophe. Le deuxième élément important, c’est celui d’assurer une certaine cohésion, une certaine habitude des réservistes qui sont disséminés sur l’ensemble du territoire, de se voir, de se rencontrer d’échanger, de se mobiliser sur des cas pratiques », souligne Thierry Coudert, directeur général de l’EPRUS. Depuis sa création il y a quatre ans, l’EPRUS a mené une vingtaine de missions en France et à l’étranger. Pour mobiliser davantage les professionnels, l’établissement s’est appuyé sur une large campagne de communication qui semble avoir porté ses fruits : « On est passé d’à peu près 3 000 réservistes en début d’année à plus de 8 000 actuellement. Tous les jours, nous avons des dossiers qui rentrent et nous souhaitons qu’il y en ait encore le plus possible puisqu’on a intérêt à avoir le plus de réserviste dans les différentes spécialités sanitaires pour faire face précisément à toute situation de crise », déclare Thierry Coudert.
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