La colère gronde à l'hôpital de Carhaix (Finistère) qui a fusionné en 2009 avec le CHU de Brest, pour devenir le CHRU de Brest–Carhaix. Prévue initialement le 1er septembre, la réouverture des urgences de Carhaix, 24 heures sur 24, a finalement été repoussée à une date inconnue.
Les urgences resteront donc fermées le soir et la nuit, de 18 h 30 à 8 h 30, « contrairement aux engagements de l'ARS Bretagne », rappelle « France 3 Bretagne ». Raison pour laquelle l’intersyndicale (CGT et CFDT) appelle à manifester devant l'hôpital, ce lundi 4 septembre, à 18 h 30. Un préavis de grève a également été déposé.
Une ligne de garde en moins
« L'ARS Bretagne n’a pas tenu ses promesses », confirme au Quotidien Caroline Tromeur, secrétaire CGT de l'hôpital de Carhaix. Quant à Florence Favrel-Feuillade, la directrice générale du CHRU Brest-Carhaix, elle s’était « engagée à prendre des intérimaires dans le cas où il manquerait des médecins pour remplir les lignes de garde des urgences », poursuit l’ergothérapeute de Carhaix.
Or, depuis l’entrée en vigueur de la loi Rist, « les intérimaires sont moins bien rémunérés qu’avant, donc ils ne viennent plus aux urgences », croit savoir Caroline Tromeur. Selon elle, il manquerait aujourd’hui « 12 médecins sur les urgences Brest–Carhaix, sur une soixantaine de médecins au total. Il manque donc une ligne de garde médicale pour faire fonctionner les urgences 24 heures sur 24. » Raison pour laquelle la direction a décidé de fermer les urgences de Carhaix la nuit.
Entre 18 h 30 et 8 h 30, les patients ne sont plus accueillis aux urgences de Carhaix. Ils doivent appeler le 15, avant d’être redirigés vers un autre service d'urgences. Or, il faut compter au moins 45 minutes en voiture pour se rendre dans les centres hospitaliers de Brest, Guingamp ou Morlaix… Récemment, une femme de 82 ans, victime d’une embolie pulmonaire, a été contrainte de se rendre par ses propres moyens à Pontivy (à une heure de route en voiture de Carhaix), rapporte France 3 Bretagne.
« Mise en danger de la population »
Des retards de prise en charge qui conduisent à une « mise en danger de la population », estime Caroline Tromeur qui précise que la région doit également faire face à une « pénurie de médecins traitants ».
Les élus locaux sont également vent debout contre cette régulation des urgences. « La régulation, c’est ni plus ni moins qu’une fermeture », affirme Alain Gueguen, maire de Plouguernével (Côtes-d'Armor). Quant au maire de Carhaix, Christian Troadec, il estime que la régulation des services d'urgences a « un effet catastrophique sur l’ensemble des services qui sont en train de se vider les uns après les autres ».
« Payer correctement les intérimaires »
Telles sont les raisons pour lesquelles élus, syndicalistes, personnels et usagers manifesteront ce lundi pour exiger « la réouverture totale des urgences », mais aussi « le maintien de tous les actes sur le site de Carhaix », précise Caroline Tromeur qui demande aussi à l’ARS « d’aider financièrement le site de Carhaix pour que l’on puisse payer correctement les intérimaires ».
Plafonnement de l’intérim médical : le gouvernement doit revoir sa copie, maigre victoire pour les remplaçants
Au CHU Healthtech Connexion Day, guichets innovation et tiers lieux à l’honneur
Zones de conflit : ces hôpitaux français qui s’engagent
À l’hôpital public, le casse-tête du recrutement des médecins spécialistes