« Chers soignants, ne perdez pas espoir, il y a une justice. » Brutalisé pendant une garde à l’hôpital de Gonesse (Val-d’Oise), Nicolas Perolat a adressé ce message sur Twitter au lendemain de son agression. Dans la nuit du 25 au 26 décembre, vers 2 heures du matin, cet interne en médecine générale a été frappé au visage par le père d’un enfant venu en consultation au service des urgences pédiatriques. Il a été retrouvé par des infirmières, inconscient sur le sol, le visage ensanglanté.
Jugé en comparution immédiate le 27 décembre dernier, moins de deux jours après les faits, son agresseur a été condamné à une peine de 18 mois de prison, dont 10 ferme, avec incarcération immédiate. Une sanction exemplaire, selon l’avocat du jeune homme, au-delà des réquisitions du procureur, sans doute lié au fait que l’accusé était déjà connu par la justice.
« Je ne me réjouis pas du fait qu’un enfant sera privé de son père pendant 10 mois, confie au “Quotidien” Nicolas Perolat. Mais cela démontre que la justice peut être rendue, que les procédures peuvent aboutir. C’est important que les soignants le sachent ! La violence, on en parle beaucoup entre nous, mais il doit y avoir une prise de conscience des institutions médicales et du public. »
Nez cassé
Son agresseur avait manifesté son exaspération alors que son enfant, arrivé une demi-heure plus tôt avait été vu par des infirmières d’accueil des urgences et installé dans une salle d’examen. « Il m’a interpellé une première fois pour me demander de voir son fils immédiatement. Je lui ai répondu que je m’occupais de deux enfants et que je verrai le sien après. Il n’y avait pas d’urgence selon les informations dont je disposais », raconte l’interne.
Le père se fait plus insistant, agressif, mais le soignant ne cède pas. Quelques instants plus tard, alors qu’il repasse devant le box de consultation où attendait l’enfant, il reçoit un violent coup au visage qu’il ne voit pas venir. Il perd conscience et retrouvera ses esprits sur un brancard, avec une fracture des os propres du nez. « J’aurais repris conscience avant mais je ne me souviens de rien », précise-t-il. En convalescence après une rhinoplastie réalisée mercredi, Nicolas Perolat ne reprendra pas ses gardes avant le 14 janvier prochain.
Un métier à risque
Interne en troisième année, le jeune homme avait déjà été confronté à des comportements agressifs lors de ses stages, notamment aux urgences, mais jamais à une telle violence. « Si cela m’était arrivé en cours de premier semestre, je pense que j’aurais reconsidéré la suite de mes études, avoue-t-il. Mais aujourd’hui, j’ai plus de recul, j’ai intégré à mon travail ce risque même si je considère que l’agression, qu’elle soit verbale ou physique, est inacceptable dans tous les cas. »
Aura-t-il une appréhension au moment de retrouver les patients ? « Comment je vais réagir si un patient sort brutalement d’un box de consultation… Je ne sais pas ! Mais je vais faire appel à un soutien psychologique. C’est important lorsqu’on a été confronté à une situation “extra-ordinaire” comme celle-ci, d'évacuer, de vider son sac », répond le futur généraliste.
Solidarité des soignants et de l'hôpital
Le jeune homme dit également toute sa reconnaissance aux soignants du service des urgences pédiatriques du CH de Gonesse. « J’ai été agressé physiquement, mais je ne suis pas la seule victime, insiste Nicolas Perolat. Il y a ma chef qui a terminé seule la garde de nuit de noël, les infirmières qui m’ont retrouvé inconscient et qui ont elles aussi continué le travail. »
Après son agression, il a reçu un soutien appuyé de leur part ainsi que des médecins et de ses co-internes, mais aussi de la direction de l’hôpital. Le jour de la comparution de son agresseur, la directrice de l’établissement a interrompu ses congés pour l’accompagner au tribunal. « Le comportement de l’institution a été exemplaire à mon égard » reconnaît le futur généraliste.
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