2020 a été marquée par plusieurs avancées pour les internes. Quelles sont les plus importantes à vos yeux ?
Morgan Caillault : Il y a eu deux grosses victoires sur le plan du temps de travail des internes. La plus importante, actée le 31 octobre 2020, porte sur le passage de cinq à six internes minimum par ligne de garde. Nous sommes censés faire cinq gardes maximum par mois, dont le dimanche ou un jour férié. Or, dans les services avec seulement cinq internes, on dépasse forcément les cinq gardes par mois. Passer à six internes par ligne de garde permet de garder du temps pour la formation, car les gardes étaient souvent conservées en sacrifiant le temps de repos ou de formation. Nous allons nous assurer que cette disposition soit mise en application. La deuxième victoire est la reconnaissance des demi-gardes. Nous souhaitions qu’elles soient intégrées dans le temps de travail, c’est donc une demi-journée à décompter. Et le fait d’être payé dans ce cadre permet d’être protégé.
Finalement, plus que les revalorisations salariales, vous retenez les mesures sur le temps de travail ?
M. C. : C’est majeur par rapport à l’impact sur la santé des internes. La revalorisation salariale est importante car il n’y en avait pas eu pour le salaire de base depuis 2010. Mais l’objectif reste de garantir le respect du temps de 48 heures maximum par semaine, pour éviter l’apparition de risques psychosociaux. Ceci dit, nous sommes satisfaits qu’en 2e et 3e années d’internat, hors gardes (elles-mêmes revalorisées de 25 %), les internes aient désormais un salaire brut cumulé aux primes de sujétion qui corresponde à un équivalent Smic horaire 48 heures (le salaire de base est passé en novembre à 20 450 euros brut annuel en 2e année d’internat, soit 163 euros de plus par mois, et à 27 042 euros brut en 3e année, soit+115 euros mensuels, hors primes et indemnité de sujétion, ndlr). Mais nous attendons toujours que la première année d’internat puisse également bénéficier de ce minimum (dont le salaire annuel a été porté à 18 473 euros brut, soit+147 euros par mois, ndlr).
Pour prévenir les risques psychosociaux, des mesures ont-elles vu le jour cette année ?
M. C. : Les accords du Ségur prévoient un passage obligatoire à la médecine du travail dès le début de l’internat, mais des groupes de travail doivent encore avoir lieu sur le sujet pour la mise en application. Le Centre national d’appui (CNA) commence à faire des formations aux coordonnateurs de DES, mais nous attendons encore des formations pour l’ensemble de nos enseignants. D’autres promesses doivent se concrétiser, comme le fait que l’interne soit partie prenante dans la qualité de vie au travail. Nous avons aussi obtenu que les tableaux de service, obligatoires depuis 2015, soient intégrés dans les portfolios car cela permettra un contrôle du temps de travail aussi par les universités.
En 2021, quels seront les dossiers importants pour les internes ?
M. C. : Le bornage horaire des demi-gardes fait partie des sujets importants à venir. Nous attendons surtout les sanctions envers les établissements qui ne respectent pas le temps de travail. Un groupe de travail sur le sujet doit commencer en janvier et rendre ses conclusions le 15 mars. Nous aimerions aussi que le retrait des agréments à certains terrains de stage soit facilité. Nous avons réussi à obtenir une majoration pour l’indemnité forfaitaire d’hébergement pour les zones sous-denses (de 200 euros à 300 euros), mais nous aimerions rouvrir le dossier des indemnités kilométriques plafonnées aujourd’hui à 130 euros par mois.
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