Le Dr Patrice Geoffriaud, généraliste vendéen facturant ses consultations à 35 euros depuis 2015, a écopé de six mois ferme de déconventionnement (et six autres avec sursis). La décision a été annoncée mercredi soir, lors d’une commission paritaire nationale exceptionnelle.
Contacté par Le Généraliste, le Dr Geoffriaud ne connaissait pas encore sa sanction. « Ça me fait suer, a-t-il réagi en l'apprenant. Si c’est ça, je serai pendant six mois déconventionné et je ne reviendrai probablement pas en secteur I. » « Je ne vois pas pourquoi à bac + 9 je serai à 10 euros nets de l’acte (après cotisations Urssaf, Carmf, charges et impôts sur le revenu), lâche le médecin. C’est d’un mépris. »
Une première sanction suspendue
Cette sanction est le dernier épisode d'une série entamée fin 2017. La commission paritaire locale (CPL) de la Roche-sur-Yon avait alors condamné une première fois le Dr Geoffriaud à six mois de déconventionnement. Après appel, la sanction avait été ramenée à trois mois par la commission paritaire nationale (CPN). Mais le Dr Geoffriaud ne s’était pas satisfait de cette décision et avait fait appel auprès du tribunal administratif de Nantes, qui avait finalement suspendu sa condamnation en février 2018.
Malgré cette décision, la CPAM de Vendée a engagé de nouvelles poursuites contre le généraliste pour les mêmes faits mais sur une période différente. Une nouvelle CPL avait condamné en novembre le médecin à douze mois de déconventionnement, qui ont donc été ramenés à 6 mois mercredi.
Un choix assumé pour le confort de travail
Malgré ces procédures, le médecin n'est jamais revenu en arrière et continue de pratiquer des DE. « Quand j'ai pris cette décision, cela faisait 16 ans que j’étais en libéral et Marisol Touraine échauffait les médecins. Cela m’a ouvert les yeux », explique le Dr Patrice Geoffriaud. « J’ai décidé d’arrêter de courir après l’acte, confie le généraliste de Challans. J’ai fait le choix de voir moins de patients, mais de prendre plus de temps, en demandant 10 euros de plus par consultation. »
« C’est pour mon confort, ma qualité de travail », affirme le Dr Patrice Geoffriaud, qui consulte désormais maximum 20 fois par jour. « Plus des trois quarts de mes patients sont remboursés pour ces 10 euros de compléments d’honoraires par leur mutuelle », assure-t-il.
« On est des salariés déguisés de la caisse »
Le médecin vendéen dénonce la « multitude de forfaits » qui « deviennent indispensables aux médecins ». « Ça fait peur. On est des salariés déguisés des caisses », estime-t-il.
Las, le Dr Geoffriaud exclut un nouveau recours. « Ça fait trois ans et demi que ça dure. S’ils me sanctionnent, ils me sanctionnent… », soupire-t-il. « Après mon cas fera peut-être bouger les lignes », espère-t-il.
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