La valorisation financière des futures infirmières en pratique avancée libérales (IPAL) sera-t-elle à la hauteur des ambitions de ce nouveau métier ? La réponse est non selon les syndicats infirmiers, qui viennent d'achever une série de négociations conventionnelles avec l'Assurance maladie pour définir la rémunération des infirmières titulaires d'un master en pratique avancée souhaitant exercer en libéral.
La Cnam proposait initialement un forfait de 100 euros brut par an et par patient correspondant à quatre entretiens d'une heure avec l'IPAL. Les partenaires conventionnels se sont finalement quittés sur un montant de 160 euros par an et par patient à l'issue des négociations. Un forfait structure dédié aux IPAL de 890 euros par an, majoré de 400 euros dans les zones sous-denses, est également prévu.
Ces montants, jugés « peu viables » et « insuffisants » par les syndicats infirmiers, pourraient bien refroidir les rares diplômées souhaitant s'installer en libéral en tant qu'IPA. Des craintes concernant le profil très hospitalier des quelque 400 IPA formées dans la première promotion l'an dernier avaient déjà été formulées par les représentants de médecins libéraux. Avec une rémunération peu attractive, les infirmières de pratique avancée pourraient en effet être tentées de se tourner davantage vers le salariat à l'hôpital.
Moins payées qu'une IDEL ?
Les syndicats infirmiers interrogés par le site infirmiers.com, sont en effet unanimes sur le manque d'ambition des montants alloués par la Cnam. « La rémunération proposée, pour une fonction de grade master, est inférieure à celle des infirmiers libéraux. Comment accepter d’être payés moins avec 2 années d’études universitaires supplémentaires et des responsabilités élargies? », s'interroge l'Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa). Pour Convergence infirmière, « l’exercice IPA en libéral n’est tout simplement pas viable » en l'état.
Le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), organisation majoritaire chez les infirmières libérales, alerte également sur le fait que pour exercer en libéral en tant qu'IPA, l'infirmière devra compter sur la coopération professionnelle des généralistes chargés de leur adresser des patients. « D'après les échanges que nous avons eus avec des praticiens et des responsables syndicaux, les patients qu'ils jugent potentiellement éligibles aux transferts vers l'IPAL sont évalués à une dizaine par médecin. L'infirmier devrait donc collaborer avec au moins une trentaine de médecins. Mais ces derniers sont-ils prêts à confier si aisément leur patientèle ? » s'interroge la présidente Catherine Kirnidis.
Actions de prévention non valorisées
Créées par la loi de modernisation du système de santé de 2016, l'IPA, formée en 5 ans avec un grade master, doit permettre au généraliste de confier le suivi global de certains patients. Elle peut intervenir dans trois domaines : les pathologies chroniques stabilisées (diabète ou maladie d'Alzheimer, oncologie et hémato-oncologie et enfin maladie rénale chronique, dialyse, transplantation rénale), la prévention et les polypathologies courantes en soins primaires. L'infirmière en pratique avancée a aussi la possibilité de conduire des activités d'éducation thérapeutique, de prévention ou de dépistage. Ces activités transversales ignorées par le législateur lors des négociations conventionnelles ne font pas l'objet d'une rémunération additionnelle spécifique, déplorent les syndicats.
Les représentants d'infirmières libérales doivent décider cette semaine d'une signature ou non de l'avenant 7 de leur convention définissant la rémunération des IPA.
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