Un nouvel état d’esprit semble souffler dans les relations entre les libéraux et le ministère de la Santé, mais aussi avec la Cnamts. Témoin : l'annonce par SML ce matin qu’il envisageait de remettre sur la table une adhésion à la convention signée il y a plus d’un an. À l’époque non-signataire, car considérant que les spécialistes avaient été oubliés, le syndicat semble reconsidèrer aujourd’hui sa position. « Le SML étant un syndicat conventionniste, nous avons aujourd’hui une place qui n’est pas facile à tenir. J’essaierai donc de voir avec l’Assemblée générale la semaine prochaine si on peut réévaluer notre position et envisager une adhésion », a expliqué son président Philippe Vermesch.
Une prise de position qui intervient dans un contexte où les relations avec le ministère se sont également largement détendues. « Cette arrivée du nouveau gouvernement a quand même changé la donne. Nous sommes aujourd’hui appelés en direct par le conseiller de Madame Buzyn. Les relations sont beaucoup plus faciles mais j’attends tout de même le PLFSS pour voir ce que ça donne », confie le Dr Vermesch.
Être dans la convention plutôt qu’en dehors permettrait aussi au syndicat de pousser ses idées plus facilement, et le syndicat en a fait tout un programme présenté ce mercredi matin. Des propositions sur la gouvernance, les financements, la démographie médicale, le virage ambulatoire, l’exercice coordonné ou encore la formation. Un programme que le président du SML inscrit dans « une optique libérale » avec notamment un « paiement à l’acte affirmé », ce qui n’est pas tout à fait raccord avec les orientations du ministère de la santé.
En effet parmi les mesures mises en avant, le SML veut notamment plafonner à 20% la part des forfaits. Quant au TPG, ils réclament sans surprise sa suppression pure et simple. Côté rémunération, le syndicat milite aussi pour un vrai forfait structure, c’est-à-dire avec des moyens plus conséquents que ceux alloués actuellement par la convention. « 10 000 euros par an ce serait déjà bien » estime Philippe Vermesch qui veut que ce forfait permette de financer « une secrétaire pour deux médecins » et donc de « retrouver du temps médical ». Le SML souhaite également la création d’un acte de téléconsultation.
Plus de prévention moins de MSP
Le ministère d’Agnès Buzyn a fait de la prévention son cheval de bataille. Une orientation à laquelle adhère le SML qui veut créer des consultations longues de prévention obligatoires « à intervalle régulier à des âges clés », un peu à l’image du bilan dentaire. Le syndicat préconise aussi de prendre en compte « le risque environnemental » dans ces démarches de prévention. Outre la prévention, l’organisation adhère également à une des propositions d’Emmanuel Macron de passer à un Ondam pluriannuel. « Cela permet d’avoir une vision budgétaire » souligne Philippe Vermesch. En revanche le syndicat n’est pas aussi fan des MSP que le nouveau président qui veut en doubler le nombre d’ici 2022. « Ce sont aussi des structures qui souvent vident le territoire autour d’elles » affirme-t-il. Le SML préfère donc pousser la coordination interprofessionnelle à travers la signature d’un avenant à l’ACIP (accord-cadre interprofessionnel), qui devrait de nouveau être discuté à la fin de l’année.
Médecin volant et retraité-remplaçant
Sur la démographie médicale le syndicat veut davantage mettre en avant le dispositif de médecin volant, un de ses concepts phares, qui permet aux libéraux d’exercer quelques jours par an en zone sous-dense. Étendre l’avantage maternité à tous les médecins et le compagnonnage entre étudiants et médecins sont deux autres idées mises en avant, tout comme la création d’un statut du médecin retraité remplaçant. « Par exemple, un médecin qui voudrait céder sa clientèle à un jeune pour partir en retraite pourrait le faire en s’engageant à remplacer de temps en temps ce confrère en cas de congés, de maladies, congé maternité etc » explique le Dr Vermesch. Pour tout ce qui est défiscalisation en zone sous-dotée, le SML a indiqué avoir rendez-vous cette semaine avec le cabinet de Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics.
Le SML pourra donc (peut-être) bientôt faire avancer ces idées en tant que partenaire conventionnel. Mais non contents de vouloir revenir dans le jeu conventionnel, le syndicat a aussi des idées pour le réformer. Il propose ainsi de revoir les règles de signature et passer à 50% des voix pour approbation et non plus 30%. L’organisation veut aussi sanctuariser la convention pour que les parlementaires ne puissent pas la modifier après coup et propose également d’étendre les fonds conventionnels à tous les syndicats représentatifs, y compris les non-signataires.
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