Déjà installés ou pas encore diplômés, ils sont « jeunes » et veulent se faire entendre. Pour la reprise des discussions conventionnelles, Nicolas Revel a du coup convié sept organisations d'étudiants, chefs de cliniques ou mg juniors à la séance dédiée à la démographie. Mercredi 16 mars, cette matinée a vu les leaders de l’ANEMF, l’Isnar-IMG, l’Isni, l’INSCCA, le SNJMG, la CSMF Jeunes médecins ou encore Reagjir présenter, en une dizaine de minutes, leurs propositions relatives à l’installation.
Après avoir été associées aux négociations en 2007 puis plus ou moins évincées en 2011, ces organisations ont été contactées, dès fin février, par le directeur de la CNAM. Et ce en accord avec les syndicats représentatifs. « Ils ont pris conscience de la nécessité d’impliquer les jeunes compte tenu des difficultés qu’éprouvent les médecins installés, qui partent à la retraite, à trouver des remplaçants », avance Émilie Frelat, présidente du SNJMG. À ses yeux, il faut « faire en sorte que les jeunes se retrouvent dans la prochaine convention et, ainsi, dans leur futur exercice ». C'est avec « un optimisme mesuré » que le président de l'Isnar-IMG, Yves-Marie Vincent, abordait cette rencontre. La présence des sept organisations autour de la table constitue certes « une évolution favorable » pour lui, mais « reste à savoir comment cela se traduira en actes ».
Sur la démographie, les jeunes n'ont pas changé. Récemment évoquées par des sénateurs ou encore les élus de petites communes, les mesures coercitives en matière d’installation représentent ce que l’ANEMF « veut éviter à tout prix », expose son président, Sébastien Foucher. « Soutenir les mesures incitatives » se révèle donc « un enjeu majeur ». « Les jeunes ont un regard un peu différent de celui de leurs aînés sur l’exercice car ils ont l’approche de ceux qui vont entrer dans le monde du travail », poursuit-il.
« Étendre la couverture sociale des médecins »
Les futurs médecins ont pu s'exprimer aussi sur d'autres enjeux cruciaux comme la protection sociale. À l'ANEMF, par exemple, on souhaite « des dispositions de l’Assurance maladie là-dessus pour développer l’exercice libéral » car, jusqu’à présent, « l’attractivité n’est pas en faveur de la ville ». « Étendre la couverture sociale des médecins est la vraie porte d’entrée pour les jeunes vers le libéral », abonde Jacques-Olivier Dauberton.
Le président des jeunes généralistes et remplaçants de Reagjir attend lui aussi de ces négociations qu’elles donnent envie aux jeunes « de s’installer, d’aller vers l’exercice ambulatoire ». En ce sens, il suggère de « faire évoluer les pratiques via la rémunération ». Et propose de revoir les indicateurs de la ROSP, simplifier la nomenclature et augmenter la part forfaitaire.
L’évolution du mode de rémunération constitue également un levier, aux yeux d’Émilie Frelat, pour faire évoluer le libéral et valoriser la place du généraliste. « Le C est nécessaire mais il n’est plus totalement adapté aux enjeux de santé publique auxquels on doit faire face », considère-t-elle, référence faite notamment à la prise en charge globale de patients polypathologiques pour laquelle « il faut d’autres modes de rémunération ». Un raisonnement partagé par l'ANEMF qui compte également défendre « tous les financements liés aux nouveaux modes d'exercice ». Du côté de l'Isnar, on insiste sur l'importance « des conditions de travail», et notamment la lourdeur des charges administratives, sujets qui « intéressent le plus les jeunes médecins ».
Si la rémunération compte parmi les préoccupations des sept organisations de jeunes, toutes n’abordent pas le sujet de la même façon. Ainsi, dans le sillage de son organisation mère, la CSMF Jeunes médecins « n’est pas bien forfait », reconnaît son président, Yannick Frezet. Voyant là un mode de rémunération qui « ne doit être
ni prioritaire ni privilégié », le généraliste rhônalpin préfère « favoriser l’acte », dont « la bonne rémunération » doit permettre, selon lui, « d’éviter de faire un trop grand nombre de consultations ».
Après avoir été entendues sur la démographie, quelle sera la place des organisations de jeunes dans la suite des discussions ? C’était l’un des autres enjeux de leur présence à l’Assurance maladie. Certains, à l’instar de la CSMF Jeunes, semblent déjà satisfaits : « Notre rôle s’arrête là et c’est normal car nous ne sommes pas représentatifs », rappelle Yannick Frezet… Ce qui ne l’empêche pas d’être « favorable à participer plus amplement » aux négociations. Conscient de ne pas tenir « le stylo à la fin », Jacques-Olivier Dauberton espérait lui obtenir le statut d’auditeur libre pour « intervenir à d’autres moments dans la négociation (…) et apporter des idées ». Jusqu’à présent, « on a une impression d’écoute, même si on ne signe pas, Nicolas Revel veut notre avis sur différents points », souffle-t-il.
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