C’est d’un des chantiers majeurs de l’Assurance-maladie : la montée en puissance de l’ordonnance numérique chez les médecins et les pharmaciens, et au-delà, le déploiement de ses services numériques en santé censés simplifier les procédures et faire gagner du temps.
La généralisation de la e-prescription, qui vise à sécuriser le traitement des ordonnances par l’utilisation d’un QR code, a été lancée au mois de mai 2023, avec plusieurs semaines de retard. Elle était inscrite dans les objectifs de la feuille de route du numérique en santé (2023-2021). Un an an après son déploiement, la Cnam a communiqué des chiffres jugés encourageants sur l’utilisation de ce service qui doit faciliter les échanges entre officines et cabinets.
Depuis le début des déploiements, ce sont au total plus de 22 millions d’ordonnances numériques qui ont été créées par les médecins. Et entre décembre 2023 et mai 2024, le nombre d’ordonnances numériques créées mensuellement atteint environ 2,2 millions par mois.
Seulement 50 % des médecins en mesure d’éditer une e-prescription
Cette progression significative est toutefois à relativiser car seulement 20 000 médecins libéraux (environ 18 %) ont créé au moins une fois une ordonnance numérique depuis décembre 2022. C’est encore loin de l’objectif fixé par François Braun, l’ancien ministre de la Santé et de la Prévention, qui avait donné le cap de 40 000 médecins ayant expérimenté au moins une fois cette nouveauté d'ici à 2024.
Ces écarts d’usages s’expliquent par la diversité d’équipement en logiciels métiers des praticiens. Pour éviter les bugs comme lors de la vague 1 du Ségur, l’Assurance-maladie a engagé un processus de pré-série pour s’assurer de la conformité de l’ensemble des logiciels métiers avec l’ordonnance numérique. Conséquence, seulement 50 % des médecins libéraux (généralistes et spécialistes) sont dotés d’un logiciel en mesure d’éditer une ordonnance numérique. « Tout l’enjeu est que les développements réalisés par les éditeurs passent bien les épreuves de test que nous réalisons pour nous assurer de la qualité des développements, pour qu‘ensuite leurs offres liées à l’ordonnance numérique puissent se déployer chez les médecins », avance Thomas Fatôme, directeur général de l’Assurance-maladie.
Côté pharmaciens cette fois, la phase test prend davantage de temps (20 % des logiciels hors les clous). Ce qui explique qu’à peine 15 % des officines sont aujourd’hui équipées d’une solution d’ordonnance numérique active. Et dans ce contexte, seulement 12,5 % des pharmacies (moins de 2 500 structures) ont expérimenté cette solution numérique avec au total plus de 92 000 ordonnances exécutées.
Appli carte Vitale : 23 départements…
Autre chantier, le déploiement progressif de l’application carte Vitale – alternative dématérialisée de la carte physique – qui doit sécuriser la facturation. Cet outil, déjà en phase d’expérimentation dans 23 départements (principalement en Auvergne-Rhône-Alpes et Paca), a vocation à être généralisé, dans une première version simplifiée, dès le 1er septembre 2025.
D’ici à la fin de l’année, une phase test sera également ouverte aux établissements de santé. Pour le moment, le nombre de professionnels de santé ayant facturé avec l’appli carte Vitale se situe aux alentours de 1 800 soignants, avec une montée en charge progressive depuis août 2023. Au total, près de 82 % professionnels de santé sont équipés, à ce jour, d’un logiciel compatible avec l’outil.
Pour favoriser la prise en main de ces deux outils, 450 délégués du numérique en santé (DNS) de l’Assurance-maladie sont partis en campagne « outils numériques » auprès des généralistes et pharmaciens jusqu’à la fin de l’année.
Au total, « 40 000 médecins et 20 000 pharmaciens » seront approchés pour favoriser le déploiement de l’appli carte Vitale, accompagner la généralisation de l’ordonnance numérique mais aussi présenter aux blouses blanches les nouveautés sur amelipro (téléservices, connexion, listing patientèle dépistage organisé des cancers, bouquet de services), ou encore les messageries sécurisées (MSSanté) et Mon Espace santé.
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