Trois questions à Bechir Chebbah*

« Une année de maintien du pouvoir d’achat »

Publié le 19/06/2015
Article réservé aux abonnés

Comment caractériser 2014 pour les libéraux de santé ?

Bechir Chebbah. C’est dans l’ensemble plutôt un bon cru, sans éléments extraordinaires avec, pour la plupart des disciplines, une progression des recettes et, au pire, une stabilité. Par rapport à l’inflation, c’est une année de maintien du pouvoir d’achat avec même une croissance assez forte chez les remplaçants, qui atteste du développement de cette pratique.

Selon vous, la baisse des frais et le déclin de la démographie médicale expliquent-t-ils ces progressions ?

B.C. Sur le premier point, on constate effectivement que les bénéfices progressent plus rapidement que les charges avec un peu moins de cotisations sociales l’an passé. Contrairement à toutes les affirmations, les charges se stabilisent ou même décroissent légèrement après avoir atteint un pic en 2013. C’est sans doute en partie l’effet de la baisse des cotisations sur les allocations familiales l’an dernier. Espérons que ce mouvement continuera. S’agissant de la démographie médicale, c’est également mécanique?: alors qu’il y a raréfaction de l’offre, la demande en santé ne fléchit pas parce qu’on se soigne la plupart du temps par nécessité et davantage du fait du vieillissement de la population. Et la réduction du nombre de médecins entraîne une hausse de l’activité de ceux qui restent. Dès lors que le prix de la consultation reste à 23 euros, cela peut expliquer en effet la progression de 2,2 % des recettes chez les généralistes.

Les métiers de santé font une meilleure année 2014 que les autres libéraux. Sont-ils moins sensibles à la conjoncture ?

B.C. Effectivement. D’abord, beaucoup de professions libérales ne s’adressent pas aux particuliers. Or, dans un contexte contraint, les entreprises font plus attention. Parmi celles qui s’adressent aux particuliers, il y a les dépenses de confort qui peuvent être différées et de nécessité. La santé fait partie de cette deuxième catégorie. Et à partir du moment où celle-ci est prise en charge par la collectivité, les médecins libéraux se trouvent moins impactés par la conjoncture.

*Président de l’Unasa

Source : lequotidiendumedecin.fr