Deux femmes de 88 et 93 ans, atteintes de pathologies graves et en fin de vie, sont mortes dans la salle d'attente des urgences au CHU de Tours en quinze jours d’intervalle, faute d'avoir pu être prises en charge rapidement.
L’une de ces deux femmes arrivait d’un Ehpad de Tours, la nuit du 11 avril. L’autre venait d’un service de Soins de Suite de Luynes (Indre-et-Loire), le 3 mai.
Selon un infirmier aux urgences de nuit interrogé par l'AFP, « ces personnes ont été vues par les infirmiers d’accueil. Elles n’ont pas pu être placées en box pour être examinées médicalement et se voir prodiguer les soins nécessaires suffisamment tôt ».
« Elles sont décédées dans une salle d’attente, post-triage, sur des brancards au milieu d’autres personnes qui attendaient d’être prises en charge », a dénoncé l'infirmier, fustigeant « un goulot d’étranglement à l’entrée des urgences qui crée un temps d’attente inacceptable ».
Saturation
Cette salle créée pour « éviter que les gens attendent dans le courant d’air et que les ambulanciers soient bloqués à l’entrée des urgences » accueille régulièrement « plus de quinze brancards » alors qu'elle est faite pour en accueillir cinq, selon Anita Garnier, infirmière aux urgences, du syndicat Sud-santé.
Le Pr Gilles Calais, président de la Commission médicale d’établissement et membre de la direction du CHU de Tours, a déploré que « ces patientes en détresse médicale importante, grave, soient décédées dans des délais entre 4 et 8 heures après leur admission ».
« Des patients en fin de vie doivent-ils mourir aux urgences? Non. Il faut réguler les flux en amont. Nous avons 200 décès aux urgences chaque année. La majorité surviennent dans ces conditions-là. Ce n’est pas une problématique spécifique au CHU de Tours », relève-t-il.
Trois organisations syndicales ont déposé un préavis de grève pour le jeudi 24 mai, afin de dénoncer « les conditions d’accueil des patients qui se dégradent ».
Cet épisode révélé moins de deux semaines après qu'aient été rendues publique les conditions du décès de Naomi Musenga, illustre une nouvelle fois les difficultés d'accueil dans des services d'urgence souvent saturés.
Avec AFP
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