Plutôt que de s’obstiner dans un bras de fer stérile, le maire de la ville de Bornel (Oise), Dominique Toscani, a finalement décidé de déplacer le projet de santé qu’il essaye vainement de monter dans sa commune depuis l’été dernier. L’édile en a fait l’annonce à ses administrés ce dimanche 7 janvier à l’occasion de ses vœux à la population.
L’affaire, dont Le Quotidien s’était fait l’écho en août, oppose depuis plusieurs mois ce maire, dont la ville de 5 000 habitants se situe en plein désert médical, au conseil départemental de l’Ordre des médecins (CDOM) de l’Oise. Rappel des faits. Courant août, Dominique Toscani se réjouissait d’avoir trouvé une nouvelle recrue, une médecin généraliste, pour rejoindre l’équipe du pôle de santé de paramédicaux de la municipalité, compensant ce faisant pour partie le récent départ à la retraite de deux médecins de famille de la commune.
Pas de médecin et de sophrologue dans les mêmes locaux
Ce pôle de santé, pour lequel la municipalité a déboursé 7 000 euros, abrite depuis près de deux ans quatorze praticiens : kinés, infirmières, sages-femmes, mais aussi psychanalyste et sophrologue. Et pour l’Ordre, c’est bien là que le bât blesse. Hors de question pour un médecin et un sophrologue d’évoluer dans les mêmes murs. « La sophrologie et la psychanalyse n’étant pas assujetties aux professions médicales, elles ne peuvent donc exercer conjointement avec votre activité, y compris avec des salles d’attente séparées », écrivait le CDOM dans un courriel adressé à la généraliste qui souhaitait exercer au pôle de santé de Bornel. « On marche sur la tête », tempêtait alors Dominique Toscani.
La cohabitation, c’est non !
Dr Philippe Veron, président du CDOM de l’Oise
Contacté ce lundi par Le Quotidien, le président du CDOM de l’Oise, le Dr Philippe Veron, tient fermement sa ligne, en accord avec le code de déontologie, « la cohabitation c’est non ! Il est obligatoire d’avoir des lieux d’exercice séparés pour les professions médicales et celles relevant de pratiques non conventionnelles », martèle le praticien isarien. Lui objecte-t-on que de telles « cohabitations » existent pourtant çà et là sur les territoires, le généraliste rétorque illico : « Il existe aussi des gens qui roulent à plus de 100 sur des routes limitées à 90 km/heure. Ça ne change rien à la validité du Code de la route, mais ça, c’est la règle du “pas vu, pas pris”. »
Pour autant, le président du CDOM se réjouit qu’une solution soit, semble-t-il, en passe d’être trouvée pour les habitants de Bornel. Selon Dominique Toscani, l’équipe municipale travaille à la rénovation de l’ancien local des infirmières pour pouvoir le transformer en cabinet médical. Hors des murs professionnels de santé aux « pratiques non conventionnelles », donc. « Dès qu’il sera prêt, on va relancer les contacts avec le médecin qui devait s’installer au pôle santé, et des contacts ont déjà été pris avec cinq autres médecins », confie ainsi l’élu au Courrier Picard dans son édition du jour.
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